La parole aux choses

Clair Obscur a écrit:

Dona a écrit:

ps: rha flûte! j'l'avais dans l'idée le soutien-gorge! Tu m'as devancée!

Alors là, c'est pas grave du tout ! Tu peux partir du principe que tu es mon voisin de tiroir de commode :lol:

Au contraire, c'est intéressant, un même choix et deux écritures différentes.

A ta plume, ma chère Dona !

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De la suite du soutif à Clair Obscur:



"Moi chui le soutif d’équitation. Rien à voir avec le Wonderbra. Cui-là, avec ses grands airs, ses balconnets renforcés et ses brodures autour, ses raffinements de dentelle, s’mouche pas avec de l’huile de coude ! Et ça se donne de grands airs, et ça se la joue! Pour un peu, ça donnerait des leçons. Et ça r’monte les nénés et ça se fait cajoler !
Cui-là, y trône dans le tiroir du haut, le plus haut, le tiroir de bal quoi. C’lui-là qu’elle ouvre que les grands jours…cé quand elle sort sa ptite robe fourreau bien collante et qu’y’a urgence à se r’monter bien haut la gorge. Y sert qu’à ça le Wonderbra, illusionner le premier Marcel qui l’aura regardée. Après, pfiou…quand ça déballe, j’te dis que le Marcel l’est tout confusionné. « Ah ! c’est ça ! « qu’y s’dit. Tu penses : quand on sert qu’à l’artifice, faut pas considérer qu’on est essentiel.

C’est pas comme moi.

Moi chui le soutif qu’équitation que j’dis. J’fais dans l’genre corset mais corset nibards. Maintien 100% assuré. Fibre coton 100%. Lavage à 90°, si monsieur ! farpaitement ! Indéformable, léger, impeluchable, dix ans de vie assuré. Tous les sports compatibles, aisance, confort, anti-allergisant, anti-acariens et même antidrague.

C’est sûr, j’fais pas dans le raffinement mais j’ai une fonction moi, monsieur le Wonderbra qu’on fait tourniquer en l’air avant de le faire choir ! Sûr, chui pas bon au strip-tease mais chui utile à la maîtrise des choses moi monsieur ! Et la maîtrise, et c’est pas peu d’le dire ! c’est quand on donne à une princesse le droit de rester digne de ses nénés.
Ah bah ça c’est certain, quand ell’m’ met, les Marcel :

Point 1 : peuvent pas la tâter
Point 2 : peuvent pas me défaire
Point 3 : peuvent pas s’illusionner

Ah bah c’est pour ça qu’chui rangé dans le tiroir du bas…Et pis comme elle fait pu d’équitation…"

J'ai mal aux pieds ! Bon sang, c'que j'ai mal ! Je me sens si lourde, lourde, lourde... c'est pas compliqué, si ça continue, je vais finir par m'enfoncer dans le sol. J'aurais pas l'air stupide, déjà !!!
M'enfin, c'est pas de ma faute ! J'y peux rien, moi, s'ils me chargent comme un âne !!!
J'en peux plus... au secours !!!!
Je peux même plus respirer, tellement que je suis pleine ! Pleine à craquer ! Pleine à claquer, tiens !!!
L'autre jour, Elle m'a redonné un peu d'espoir ; je l'ai entendue me donner un indice "allez, cette fois, je trie!"
Tu parles ! Rien, oui, qu'elle trie ! Rien je te dis !!!
Trois feuilles de papier, et voilà, on appelle ça "trier" ! C'était pas la peine de me faire prendre autant d'importance pour oublier aussi vite le vocabulaire !!! Pfffffff quelle drôle de bonne femme !
Trois feuilles de papier, qu'elle m'a ôté du ventre ! C'est tout !
Le pire, le pire c'est les Grands. Elle les a réunis là. Elle aurait pu choisir un autre endroit, je sais pas, moi, l'autre, là-bas, près de la cheminée, ou l'autre là-haut, dans la nouvelle chambre ! Ben non, elle me les a tous collés !
J'en fais une indigestion, des Grands, tellement que j'ai mal aux pieds !
Hugo, Verlaine, Aragon, Voltaire, Montaigne, Dumas... aie... Semprun........ aie.... Gionooooooooo.... Duraaaaaaaaaaaaasss je craaaaaaaaaaque.......................

Effondrement d'une bibliothèque -

Croustine a écrit:

Puis elle prend le dos de la main de sa fille, et y dépose son tatouage quotidien. Comme un doudou pour la journée, quoi.

Joli!!!!!!

Si j’avais à défendre mon droit à être seyante, voici ce que j’avancerais :

Pardonnez ce pédant préambule, emprunté de toute pièce au maître Montesquieu mais il y a, de nos jours, fort à défendre, à propos de la discrimination qu’on fait entre le bijou traditionnel et le bijou fantaisie. Les préjugés sont fort tenaces. Par exemple, on déconsidère le bijou artisanal face au bijou d’orfèvre. Quant aux femmes qui les portent, eh bien elles sont classées.
Voici de quelle manière je suis chez elle, arrivée.

J’ai trois semaines. Présentoir mobile, chaîne de magasins. Raffut du diable dans la galerie marchande. C’est la Fête des Mères.

Petite voix criarde s’entend : « Ouahou ! trop belle ! » Trois euros vingt. Une bagatelle pour une femme mariée.
Sa belle-mère, d’un air de componction que donne la soixantaine bourgeoise, s’exclame : « Ah…mais…c’est beaucoup trop jeune pour toi. C’est pour les toutes jeunes filles. »

Elle, a déjà le mot du retour : « Mais je suis très jeune d’esprit belle-maman. » sous-entendu « Ce n’est pas comme vous satanée de vieille bique »
Echanges de regards acides.

Je suis sa bague de fiançailles avec la vie, a-t-elle décrété sans ambages au mari. Lui, déjà contrit, a rétorqué : « Mais qu’est-ce que tu veux dire ? »
Elle, enjouée : « Mais rien mon chéri ! c’est juste une métaphore ! »

Laissant de côté la métaphore charmante dont la signifiance n’a de sens que pour celle qui l’a formulée et dont le sens échappera toujours à celui qui n’a pas payé, elle joue de son doigt, joue de la lumière qui fait étinceler, en mille petits faisceaux, rougis et colorés, les rubis de sa bague plastifiée.

Croustine a écrit:

Très sympa, ce fil

Oh purée oui! Qu'est-ce qu'on s'éclate! Ca faisait longtemps que ça m'était pas arrivé! :lol:

Dona a écrit:

Croustine a écrit:

Très sympa, ce fil

Oh purée oui! Qu'est-ce qu'on s'éclate! Ca faisait longtemps que ça m'était pas arrivé! :lol:

Je suis bien d'accord avec vous, mes p'tit' dames !!! :lol:

Bon, ça ira, elle ne me baffe pas trop fort, au moins, celle là. Non parce que la fois d'avant, c'était un jeune azimuté, ben j'te dis pas les claques ! Faut pas exagérer, quand même. Je suis pas inébranlable !
pfffouifff... tout en douceur ! Ouaouh ces rondeurs ! A mon avis, elle doit pas marcher mais onduler, avec un cul pareil, tout mignon et tout et tout... Bon bref, elle est pas mal, je vais pas commencer à me plaindre, non !!!
Allez, fais moi ronronner, ma belle. J'adore ronronner, quand on me le demande gentiment. Oui ben doucement quand même, hein ! J'ai pas dit mugir ! Je sais pas, mais il me semble tout compte fait qu'elle n'a pas les mains à la hauteur de son derrière, la miss...
Eh ! oh ! elle me fait grincer des dents ! Eeeeeh ! Tu pourrais faire attention !!! J'ai horreur, mais alors horreur de grincer des dents ! Ça a le don de me foutre en rogne, cette histoire ! Bon, t'écoutes ? Si tu mets les pieds là où il faut au moment où il le faut et que tu me fais avec ta main ce qu'il faut au moment où il le faut, à priori y'a pas de problème ! C'est quand tu dissocies tes gestes que tu me fais souffrir !!!
C'est bien ça, les bonnes femmes ! Elles ont du mal à faire deux choses à la fois ! Pourtant, faudra bien qu'elle s'y mette, la lolita !! Y'a pas à tortiller, c'est comme ça, pas autrement. Un minimum de savoir faire, c'est pas trop demander, tout de même !
Allez, c'est parti pour un tour... ah, je sens que ça vient. Elle me fait monter, la bougresse. Mmmm... j'adore monter ! J'adoooore ! Plus je monte et plus je sens qu'elle m'a bien en main, bien tout. Enfin elle ose ! Ah c'que c'est bon !!! divin !!! délicieux !!! mmm...
"Retiens la nuit" qu'il chantait à mon aïeule, l'autre, là, je sais plus son nom. Ben il avait raison... Retiens la nuit, ma belle ! Je sens qu'on est partis pour un sacré voyage !!!

Bon, t'arrêtes de râler, l'ancêtre ? Qu'est-c'que j'devrais dire moi ! Si tu crois que ça m'plaît de t'entendre te plaindre toute la nuit ?
D'ailleurs, elle est longue, la nuit !!! Et même, elle se traîne !!! Je voudrais pas finir mes jours ici, à côté d'un grincheux ! Les vieux sportifs, ça n'arrête pas de ronchonner. Si ça continue, je m'suicide à l'élastique, que ça va être vite fait !!!

C'est l'autre gourde, qui m'a fourré là je sais pas pourquoi. "Trop p'tit " qu'elle a dit. Pffffffffff trop p'tit, trop p'tit, j'voudrais l'y voir, trop p'tit ! Elle a pas toujours dit ça, la môme !!!

Fut un temps où elle m'exhibait partout où elle le pouvait ! Elle s'arrangeait toujours pour qu'on me remarque. Je t'assure, celle là, si elle fait pas craquer les braguettes c'est qu'y sont myopes les mecs !!!
Je t'en ficherais du trop p'tit, moi !!!

Rahhhhh ! Ça m'éneeeerrrve !!! J'arrête pas de penser au bleu lavasse et au rose bonbon !!! Je peux pas me les encaisser, ceux-là ! Comment qu'ils m'ont détrôné !!! Sans compter que mon copain Baby, je sais pas où il est passé. Porté disparu ! Personne ne s'inquiète... je sais pas, moi, mais y m'semble que je chercherais partout !!! Ben non ! Quel laxisme ! On était potes, lui et moi. On faisait même un sacré tandem ! Jamais, mais jamais une trahison ! La confiance absolue. C'est ça l'amitié !

Ah ! arrête de râler, le vieux ! C'est vrai, ça, il se fourre exprès sous mes balconnets pour scander sa litanie ! On s'en fout de tes tours de piste, mon vieux ! Complètement même ! Toi, t'as vécu ton temps ! Moi, par contre, j'suis encore ado, mince, faut pas charrier !!!

Combien de temps on va m'oublier dans cette nuit noire, à côté d'un gâteux !!! Ah, c'est fini le temps des cerises !!! La jeunesse n'est plus ce qu'elle était...

Complainte du soutien-gorge de la demoiselle devenue presque femme...

Puisque M. String a décidé une nouvelle fois de ridiculiser mon usage et par-là même la fonction qui m’est propre, j’ai à faire le point sur un certain nombre de choses. Depuis que nous voisinons dans le même tiroir, je me suis tue bien des fois alors que vous vous plaisiez à me railler et qu’il me fallait subir vos sarcasmes. Nonobstant le fait que vous voulussiez me faire croire être plus seyant sur le corps d’une femme, vous tentiez également de mettre à bas mon propre usage. Fallut-il que nous fussions à parer la même femme alors qu’à l’évidence, nous étions si éloignés l’un l’autre du concept d’habillage de la fesse féminine n’est-il pas ?



Très cher, il m’incombe donc la tâche de vous éclairer sur un point : vous êtes d’un usage affriolant, tout au plus. Mon rôle est d’assurer le maintien : du postérieur, du bedon et capitons graisseux qu’une femme mariée prend dès les premières grossesses. Du coup, voyez que ma fonction s’étend aussi à une vertu esthétisante, j’affine la silhouette moi, jeune insolent et je galbe le bas du corps. Vous arguerez peut-être -oh ! je vous connais- que vous avez cette prétention à laisser la peau d’une femme respirer et par là-même lui éviter tout un tas de mycoses et autres allergies. Pour autant, je réitère mon argument de base : confort et maintien, tout tient à la qualité de fabrique ! Précisément je suis : Plastron ventre plat. Large élastique plat à la taille et à la base. Tulle extensible 53% polyamide, 47% élasthanne Lycra , jarretelles fixes.



Alors, que vous laissiez la peau d’une fesse à l’air libre, je le conçois mais ma foi, voir en fin de journée, deux fesses rouges telles deux joues rubicondes puisque vous êtes incapable de protéger de quelconque irritation, voyez que je vous renvoie la balle et que tout ceci se tient parfaitement. Vous privilégiez l’érythème fessier, c’est un fait absolu et constaté par les médecins très régulièrement. Sans compter que de dos encore, vous êtes une propension aux apparitions hémorroïdaires et irritations du pli fessier en tout genre.

Alors, cher, lorsqu’on apostrophe à ce point une petite gaine de mon âge, sachez que vous n’êtes pas plus qu’une culotte comme toutes les autres et qu’un jour, la mode aidant, vous serez relegué au rang du désuet comme bien d’autres. Vous pûtes, aux débuts de l’ère string, régner en force, attendez-vous, un jour ou l’autre, à déchoir.

Je n’ose espérer que ce discours vous fera taire…Ce serait trop beau. Mais, une dernière fois, et je tiens à vous le dire, puisque nous sommes pour l’heure incapables d’assurer une relation cordiale et même une discussion courtoise, vous n’êtes qu’un sot et un jeune barbousin : car en effet, précisons la chose : c’est que vous soumettez la femme à une didacture effroyable de l’épilation-maillot. Voyez qu’en termes de liberté…on peut fortement nuancer les choses…



http://a248.e.akamai.net/f/248/12201/1d/www.daxon.fr/Custom/L0/images/produit/BM/66/0X_02610_0892.jpg


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M. STRING: Mouarf. V’là le coup de semonce de la Playtex. Eh mémère ! c’est fini la guerre de 14 !

Décidément la cohabitation dans le même tiroir pose comme un problème de génération !

Puisqu’on est au déballage d’argumentaire, je m’en vais préparer le mien.

Alors, suite au coup de semonce de ma mémé chérie, colocataire du tiroir gauche, voici:
Le panti de maintien, le complet soutien-gorge-gaine corsetés, la ceinture lombaire, tout ça c’est bon pour la guerre: ça protège des obus, on peut se battre en duel ! Mais peut-on forcer corps de femme à épouser tel attirail de chasteté !

Et puis, autant de fibres à faire macérer les pires avaries dans le monde du sexe. Et si poupée ! c’est légendaire : la culotte-mémère ça fait venir les poux, les mycoses acariâtres, les champignons muqueux. A-t-on idée de verrouiller à ce point un endroit qui veut si plaisamment respirer ! Eh oui ! de l’air de l’air de l’air ! Et rien qu’un peu de vent, soufflant sur deux fesses, c’est déjà l’été !



STRING, je suis: auto-apologie en rimes, mémère ! (et vise le schéma rimique chérie ! c’est des rimes croisées)



"String je suis"


Une jolie matière,
Un soupçon de dentelles,
Un brin de ficelle,
Léger comme l’air.

Je vêts femmes légères
Et femmes libérées
Pas les vieilles rombières
Qu’ont même plus de nénés.

Tu me trouves roublard
Jeune, insolent, volage !
C’est que je n’ai pas l’âge
De mettre au mitard

Belles fesses de femme,
Girondes et moulées
Sous une robe diaphane
Bellement échancrée.

Que mon dévergondage
Soit à féminité
Ce que corsetage
Est à sénilité.

En un mot, j'écris Liberté!
Et toi, tu prônes Dignité !
« Deux âges, deux mentalités. »


(là c’est le tercet final ma mémère préférée )

Clair oBscur, t'es-tu tue? ( :lol: )

Je poursuis le projet sur mon blog, pompontement appelé la parole aux choses au l'autobiographie par l'objet. Donc je refais ma vie en parlant des choses.
Ceci est un coup de pub, c'est crassement évident, j'ai ^presque honte .

Sinon, pour la question du blog, j'encourage tout le monde à en posséder un. C'est fou d'avoir un espace à soi (et heutfort c'est tout de même top): vous pouvez mettre des nouvelles de vous, des anecdotes, faire des albums photos -25 photos par album, insérer des fiches de lecture et une foule d'autres choses. Il a moyen de limiter l'accès aux seules personnes que vous choisissez comme à être ouvert au public.

Ah flûte! je croyais être dans le fil "blog"...

Dona a écrit:

Clair oBscur, t'es-tu tue? ( :lol: )

Nan, Dona, je suis juste un tantinet débordée, mais j'oublie pas !!!

Plein de trucs, en ce moment...

Pi faudra que j'aille faire un tour sur le fil blog, car je suis si ignare en la matière que je ne sais même pas de quoi il s'agit, alors que ça a l'air d'être super bien !!!

Sympa, oui, ce fil...C'est tentant!

La première fois que j’ai croisé son regard, nous étions elle et moi séparées par une vitre. Je dois dire que j’avais fière allure, posant sur les épaules d’une belle blonde plantureuse… glaciale mais magnifique. Les lumières, toutes dirigées vers moi, me donnaient l’illusion d’être une star.
Elle, que j’avais vu s’approcher d’un pas alerte et léger, s’était arrêtée soudainement dès qu’elle m’avait aperçue. Elle tenait à la main un petit cartable et je me souviens avoir pensé qu’elle devait être sur le chemin d’une école… En arrêt devant la vitre, elle inclinait maintenant la tête à droite, à gauche, tandis qu’un vague sourire se dessinait sur ses lèvres. A un moment, elle a placé ses mains en rideaux de part et d’autre de ses yeux et elle a approché son visage tout près de la vitre pour distinguer un chiffre qu’on avait élégamment accroché à mon col….J’ai entendu qu’elle s’exclamait : « Wouaouh !...Non !... » tandis que sur son visage , en un éclair, se traduisait la déception…Elle resta encore quelques minutes puis continua son chemin…
Deux ou trois heures plus tard, c’est avec un réel bonheur que je la vis reparaître, en sens inverse de la première fois, toujours munie de son cartable…Peut-être revenait-elle de l’école? Je craignais qu’elle m’ignore cette fois-ci et qu’elle passe devant moi sans m’adresser un regard. J’en aurais eu de la peine, mais il n’en fut rien…Et je commençais à me demander, moi qui était si bien accompagnée, ce qui déjà m’attachait à cette petite, toute petite , trop petite brunette, aux yeux noirs et pétillants .dans lesquels je pouvais certes lire une certaine admiration …et aussi du désir…Elle s’attarda un moment encore et repris sa marche sur le trottoir, comme à regret , d’un pas plus lent…
Le lendemain ce fut une délicieuse surprise quand je la vis revenir vers moi…Plus de cartable cette fois-ci ! Elle avait vraiment soigné sa toilette et je la trouvais encore plus jolie. Un homme l’accompagnait. Elle parlait, elle parlait et lui, la regardant tendrement, ne voulait rien perdre de son babillage. Lorsqu’ils arrivèrent à ma hauteur, écartant les bras et dans un radieux sourire elle dit seulement : « La voilà ! »…Je ne pouvais entendre ce qu’ils prononcèrent ensuite…Je ne pus lire sur les lèvres de l’homme que ces mots « folie…une folie… »…Mais je vis aussi qu’il lui emboîtait le pas sans résistance pour franchir le seuil de la boutique où j’étais exposée.
Me saisissant avec délicatesse, la vendeuse dévêtit le beau mannequin blond de la vitrine …Elle me plaça en un instant sur les épaules de ma brunette et, découvrant notre image dans le miroir, nous fûmes aussitôt, elle et moi, certaines de ne plus pouvoir être séparées…
C’était…il y a quinze ans déjà…
Au début, heureuses et mutuellement fières l’une de l’autre, nous faisions ensemble pas mal de sorties. Elle trouvait sans cesse des accessoires qui nous mettaient toutes deux en valeur : boucles d’oreille, foulards harmonieusement accordés à mes vertes couleurs. La modestie m’empêche de vous rapporter les compliments que nous recevions et qui nous comblaient toutes deux de bonheur…
Pourtant, à un moment donné, et en quelques jours, nos sorties ont cessé…Elle est devenue grave, moins coquette…Elle n’avait plus le goût à joliment s’habiller…Un matin, je l’ai vu quitter la maison avec une petite valise tandis que je restais, négligemment posée sur le bras d’une méridienne, abandonnée.
Il se passa ainsi plusieurs semaines…L’homme rentrait le soir, l’air triste et accablé. Il ne songeait même pas à me ranger. Je crois qu’il ne me voyait même pas. Un jour cependant il me saisit avant de sortir,et me fourra sans attention aucune dans un sac…Où m’emmenait-il ?
Je le découvris au moment où sa main m’extirpa du sac et me déposa dans un lieu blanc, sur un oreiller blanc, tout à côté de son visage à elle, tout blanc…Elle m’avait réclamée !...Elle voulait que je sois près d’elle !...
Aussi pendant des jours et des jours, j’ai enveloppée de toute ma douceur, celle de ma laine et celle de mes couleurs, son corps devenu plus petit encore, plus menu, plus frileux…Elle me récompensait en caresses, en gestes délicats, en m’aspergeant légèrement de son parfum…Elle me frottait contre son visage et me disait dans un sourire las que je lui avais manqué…Elle me confiait ses craintes et sa douleur…Je lui réchauffais le corps et le cœur.
Quelques temps après, elle et moi sommes heureusement rentrées à la maison….J’avais un nouveau statut : celui de vêtement d’intérieur !...Au final, cela me convenait parfaitement…Tout ce qu’elle voulait pour moi me convenait parfaitement…Et moi je voulais tant de bonnes choses pour elle…
Les années ont passé…Dès les premiers frimas, je suis pourtant toujours à portée de sa main…Quand elle lit, quand elle peint,c’est encore moi qu’elle pose sur ses épaules…J’ai beaucoup vieilli mais je l’accompagne encore quelquefois au jardin…
Il y a un petit garçon dans sa maison maintenant…L’enfant a découvert qu’il peut glisser son petit doigt au milieu de ma soyeuse étiquette…Alors il lui demande souvent : « Tu me prêtes ta veste verte ?», ce qu’elle lui accorde avec plaisir…L’enfant s’assoit ou s’allonge sur le canapé, il glisse son auriculaire dans l’étiquette (quelle drôle de manie !) et suce son pouce sous le regard attendri de celle qui est sa grand’mère…

bravo , vraiment , Dona , Clair-Obscur , Croustine et Coline :thumright:

Merci Isis! Oui, je trouve que ce sont des textes très attachants.

oui! j'adore vous lire! Merci à toutes!

Merci de nous lire, ce jeu est un régal... essayez !
Il suffit de se mettre dans la peau de n'importe quoi. Dépaysement assuré !

:lol:

Merci Isis et Sapo...
S'il ne m'a pas été facile de m'y coller à la suite des beaux textes de Dona, Croustine et Clair Obscur, j'avoue que j'ai trouvé l'exercice tentant, et au final plaisant tout de même...(en toute modestie et conscience des limites de mon style...). Je ne puis donc que vous encourager à le faire aussi...

Je n'avais jamais vu à quel point mes objets sont en quelque sorte mon histoire. En fait, je suis le genre "collectionneuse" (je jette peu, je garde tout et je chine pas mal). En faisant ce genre d'exercices, c'est comme si je faisais de l'autobiographie avec mes objets. Et depuis, je les regarde vraiment d'un autre oeil.

...et eux aussi, certainement!