Vos lectures de janvier

Bon, assez déconné. Je la remets.

Je viens d'achever la relecture de Parij, d'Éric Faye (Serpent à plumes). C'est un roman bigrement intéressant. C'est une fable politique qui use du moyen appelé l'uchronie. L'uchronie représente ce que serait le monde si les choses ne s'étaient pas passées comme en réalité.
Ici, c'est en 1944 que ça dérape : les Américains commettent une erreur tactique grave dans les Ardennes et les nazis leur fichent une raclée historique, retardant et modifiant la fin de la seconde guerre mondiale. Les Américains ne parviennent pas à envahir l'Allemagne, c'est les Soviétiques qui le font, et ils s'arrêtent en France, laquelle est coupée en deux États, et sa capitale aussi, Paris, dont la partie nord-est devient Parij, à la russe.

Vers la fin des années 80, le célèbre prix Nobel de littérature Romain Morvan est expulsé de la zone est, par le pont Alexandre III, vers la partie sud-ouest de la ville. Il laisse derrière lui son amante, la célèbre violoniste Clara Banine, ses amis, et toute sa vie dont son dernier manuscrit, qu'il a caché en attendant de pouvoir le faire parvenir à un éditeur de l'ouest. La police politique veut absolument mettre la main sur le manuscrit.

C'est un agent du service de la lecture du courrier à la censure qui est chargé, au travers de la correspondance entre Morvan et son amante, de découvrir la cachette du manuscrit. Cela se passe dans un Paris délabré, coupé en deux par un mur encore plus hermétique que celui de Berlin, quadrillé par les forces de la Garde noire, la terrible milice populaire. L'agent Neuville est fasciné par Morvan et Clara dont il lit, puis falsifie la correspondance. Mais rien ne vient et la pression se fait plus dure. Neuville redoute le moment d'avouer son échec, car cela signifiera pour lui le bagne, dans les mines de fer de Cachinville, l'ancienne Thionville.

Le dictateur du Nord fomente un projet insensé, à la mesure de sa mégalomanie, qui justifie une surveillance policière accrue. Les premières manifestations de rue sont sévèrement réprimées. L'ambiance est lourde.

Puis un hiver la Seine déborde et, comme dans un geste prémonitoire, une partie du mur de béton est emporté par la crue. Enfin arrive le temps de la réunification et la fin du communisme...

Le seul défaut de ce roman dont les descriptions de la société communiste sont très réalistes est sans doute l'absence du peuple, qui ne sert qu'à peine de toile de fond. C'est dommage.
 

Re-lecture d'On ferme de Philipe Muray.

Muray est un enragé célinen. Il abhorre la société de loisirs qui se met en place actuellement en France et dans le monde. Sa plume est acérée, sans pitié, c'est un des rares écrivains français au style percutant et immédiatement reconnaissable.

Dans on ferme, le narrateur, qui est écrivain, tout en conduisant sa petite famille vers leur maison du Var en plein incendie de forêt, à fond de train pour arriver avant que le feu n'ait brûlé tous se smanuscrits, organise l'intrigue de son prochain qu'il doit écrire pendant les vacances. Au hasard des virages en épingle à cheveux, des barages de pompiers et des infirmières paniquées, il met en scène Parneix le séducteur et Bérénice l'exécutive woman romantique dans tout un réseau de restaurants branchés, lofts rénovés et entreprises performantes. Elle rêve d'enfants, lui de lui ôter son slip au restaurant.

C'est mené à train d'enfer, comme il se doit, mais le roman fait 710 pages. Pour Muray la société des loisirs est un désastre et ce roman en est la démonstration. Théorie discutable, mais roman génial. Mon souvenir ne m'avait pas trahi. Encore 620 pages à lire. C'est trop de la balle !

Je suis à fond dans "le meutre du petit père des peuple" d'Etiemble.
Je le conseille vivement.
Quelle classe il avait ce mec !

Bidouille a écrit:

J'ai lu Truismes de Marie Darrieussecq et Les Catilinaires d'Amélie Nothomb.

C'est le genre de truc à me donner des boutons !
Comment peut-on lire ce genre de bouses !

Lecture du Shodoka commenté par Kodo Sawaki.

Le reste n'est que poésie. Et true-ismes.

H.

Bidouille a écrit:

J'ouvre le "bouquin bouse" et je décrypte mot après mot pour comprendre les phrases et je fais ça page après page. Faut dire que je prend bien soin de ma peau et je n'ai aucun problème d'allergie cutanée.

Tu as raison , mais je suis certain qu'un jour tu mettras ce genre de truc direct poub !

Terrine Rimbaud Frantz Bartelli illustré par Johan de Moor aux ed. Estuaire
Dernier Amour de Christian Gailly aux ed. Minuit

ah !!!! bonjour céline

kikou ours impatient :)

te décerne à l'unanimité la médaille de la patience, avec le ptit coussin grenat et la fanfare, si si c'est mérité

Me reste 47 pages, ce soir, du roman d'amour de Garcia Marquez que Coldfingers ose lire, d'un oeil distrait et condescendant dans le train, et puis aussitôt après je fais un Saut...chez Alex.
Après, j'ai des lectures pour les six mois à venir. A cause des soldes.

Coldfingers a écrit:

Bidouille a écrit:

J'ai lu Truismes de Marie Darrieussecq et Les Catilinaires d'Amélie Nothomb.

C'est le genre de truc à me donner des boutons !
Comment peut-on lire ce genre de bouses !

Curiosité: vous les avez lus? Ces deux ouvrages ou d'autres des mêmes écrivains?

Bidouille a écrit:

J'ai lu Truismes de Marie Darrieussecq

j'avais adoré ce bouquin. Mais je me suis pris le chou avec une amie, chère, mais féministe convaincue qui a failli m'arracher les yeux quand je lui ai fait part de cet avis. On est restées fâchées un an. Pas de bol, c'était une collègue; donc je la voyais cinq jours par semaine.
Bon, je trouvais le thème kafkaïen, elle n'y voyait qu'une aliénation de la femme, mille fois séculaire et plus encore. La nana se transforme en truie en fait. Finalement c'est tout ce dont je me souviens. Et d'un excellent moment. Je ne sais plus chez qui elle a publié Darrieussecq mais je sais qu'une maison d'édition s'est cruellement mordu les doigts d'avoir refusé de la publier vu le succès qui s'en est suivi.

Hématite a écrit:

Coldfingers a écrit:

Bidouille a écrit:

J'ai lu Truismes de Marie Darrieussecq et Les Catilinaires d'Amélie Nothomb.

C'est le genre de truc à me donner des boutons !
Comment peut-on lire ce genre de bouses !

Curiosité: vous les avez lus? Ces deux ouvrages ou d'autres des mêmes écrivains?

Hématite, pardon pour ces jugements intempestifs. Oui j'ai lu ces auteurs suffisamment. Et je dois dire que nous devons essayer de ne pas tomber dans ce consensus mou qui détruit la littérature et les arts en général.
Hématite, mon jugement n'est pas à l'emporte-pièce ! Mais je crois de notre honneur de défendre une littérature exigeante, non ouvertement commerciale. De ne pas tout gober, de chercher ce qui nous élève et pas seulement ce qui nous distrait. Maintenant je n'ai rien bien entendu contre ceux qui lisent des bouquins, au contraire. Je crois que la médiocrité est de plus en plus grande en France et que les gens en ont de moins en moins conscience. Vous me semblez rebelle pour faire preuve d'une exigence qui vous fera chercher vos marques et non pas celles dont on nous bourre le crâne à longueur de tête de gondole !

Et j'ai fini le Garcia Marquez et je dois dire que je suis subjuguée, absolument sous le charme de ce roman d'amour qui conjugue aussi bien l'absolu que le contre-point de cet idéal amoureux (amour platonique durant 50 ans) qui se fait par intrusion multiples et humoristiques d'épisodes érotiques et langage familier. Mais je suis bien incapable d'en parler davantage et surtout d'ordonner mes idées quant à dégager ce qui en fait l'intérêt, l'originalité et la singalurité.
Et à Coldfingers: non! ce n'est pas un roman de gare. Il y a une dimension autre que celle de distraire et d'obéir à une structure simple. Et tout cela a beaucoup plus de complexité qu'on ne le croit. En fait, tous les personnages subissent la même analyse par contre-point. Et avançant dans le livre, ils avancent en âge. Or, tout ce qu'on nous donnait à voir d'eux, au début, et en surface, est à reconsidérer à mesure qu'on avance dans la connaissance de leurs sentiments, raisonnements, façons d'être...
Merveilleux. En un mot.

J’ai fini le livre de Vilain, commence à lire Bret Easton Ellis ; Moins que Zéro et maintenant Les lois de l’attraction. Me suis arrêté un instant le temps de lire Dernier inventaire avant liquidation de Beigbeder. On m’a aussi conseillé American Psycho, mais je crois que je suis un peu fatigué de cet univers universitaire américain où les étudiants n’étudient pas mais ne cessent de ce camer et de baiser. Un peu lassant, à la longue.

Il faut dire que moins fréquenter vocabulis donne le temps de lire

Dona a écrit:

Et j'ai fini le Garcia Marquez et je dois dire que je suis subjuguée, absolument sous le charme de ce roman d'amour qui conjugue aussi bien l'absolu que le contre-point de cet idéal amoureux (amour platonique durant 50 ans) qui se fait par intrusion multiples et humoristiques d'épisodes érotiques et langage familier. Mais je suis bien incapable d'en parler davantage et surtout d'ordonner mes idées quant à dégager ce qui en fait l'intérêt, l'originalité et la singalurité.
Et à Coldfingers: non! ce n'est pas un roman de gare...Merveilleux. En un mot.

Je n'ai pas pris partie dans votre discussion à propos de ce livre...J'ai dit plusieurs fois l'admiration que je porte à Gabriel Garcia Marquez...Je savais bien Dona que tu allais conclure qu'il ne s'agissait en rien d'un roman de gare...

Oh la la...Je ne m'étais pas relue...Je viens de rectifier mon charabia...

Alejandro a écrit:

J’ai fini le livre de Vilain, commence à lire Bret Easton Ellis ; Moins que Zéro et maintenant Les lois de l’attraction. Me suis arrêté un instant le temps de lire Dernier inventaire avant liquidation de Beigbeder. On m’a aussi conseillé American Psycho, mais je crois que je suis un peu fatigué de cet univers universitaire américain où les étudiants n’étudient pas mais ne cessent de ce camer et de baiser. Un peu lassant, à la longue.

Il faut dire que moins fréquenter vocabulis donne le temps de lire

Pourtant Am Psycho est le meilleur. Le SEUL chef-d'oeuvre que j'aie lu ultérieur à 1980.

Rien à voir avec les étudiants. Dans Am Psycho, le personnage principal est Patrick Bateman, le frère aîné du Sean Bateman des Lois de l'attraction. Il ressemble à ce que deviendront plus tard, peut-être, les jeunes gens à l'existence creuse et dorée que l'on croise dans les deux premiers. Patrick Bateman a 27 ans. Il est cadre supérieur dans une entreprise boursière ou bancaire quelconque. Il a un physique et un look à poser dans une pub Hugo Boss, un apparte new-yorkais rempli de meubles coûteux dans le même immeuble que Tom Cruise, une petite amie aussi riche et belle que lui et au cerveau démesurément creux, et un tas de collègues de travail aussi beaux et riches que lui (et complètement interchangeables). Bateman a en apparence tout pour être heureux. En réalité, il hait viscéralement son existence (mais a du mal à le reconnaître) et il a déjà pété un câble depuis très longtemps. Cadre sup le jour, sérial killer la nuit, il commet des meurtres épouvantables (jamais lu de scènes aussi gores de ma vie, j'ai failli gerber en lisant) sans réussir à se distraire de l'ennui écrasant de son existence.

Franchement, Alejandro, si tu PEUX bien sûr, lis Psycho. C'est un bouquin féroce et d'une intelligence diabolique. C'est provocant et original (le truc énorme: le fait que dans ce bouquin, le serial killer fasse TOUT pour qu'on le remarque au lieu de se planquer, laissant traîner des cadavres chez lui, se rendant à une fête costumée dans un déguisement maculé de vrai sang, finissant même par appeler pour se dénoncer; et tout le monde s'en fout). Les dialogues sont fabuleux de sarcasme et d'absurdité:

Patrick à sa fiancée (la jolie blonde au cerveau creux): "Tim a plaqué sa petite amie, Meredith.
- ah? pourquoi?
- il a dit qu'elle avait aussi peu de personnalité qu'une animatrice de jeu télévisé.
- ah? qu'est-ce qu'il veut dire???
- il a dit qu'il n'en pouvait plus de la voir ne rien faire de ses journées, à part ses ongles.
- attends... (instant bref de réflexion) tu veux dire qu'elle n'avait personne pour les lui faire???"

"pourquoi tu n'es pas venu dîner hier soir, Patrick!!!!
- parce que la tête de ta voisine était dans mon freezer"

Bref... je m'arrête là, je suis intarissable sur Ellis.

je viens de lire un truc pas nouveau mais que j'avais occulté
:
Soie de A baricco
J'ai aimé l'histoire mais la trad semble dégeu ! Beaucoup de fautes et on ne sent pas le sarcasme qu'il doit y avoir dans le texte italien.
Dommage que l'auteur ait précipité son style. L'histoire méritait mieux. Peut être une écriture un peu plus à la Thomas Bernhard, dans le genre monolithique des "maîtres anciens" ou terriblement dépressif de OUI. L'écriture est vraiment trop précipitée et l'edition Folio est telle qu'elle accentue l'idée qu'il faille rapidement lire.

Hématite a écrit:

Pourtant Am Psycho est le meilleur. Le SEUL chef-d'oeuvre que j'aie lu ultérieur à 1980.

[...]

Franchement, Alejandro, si tu PEUX bien sûr, lis Psycho.

[...]

Bref... je m'arrête là, je suis intarissable sur Ellis.

Ah ! Eh ben vu comment tu en parles, ça donne envie. Après Les lois de l'attraction ça sera American Psycho.

Merci pour ton conseil.

héhé! merci de le suivre! j'espère que tu passeras un bon moment! Une petite mise en garde cependant: Ellis cherche parfois à faire "saturer" son lecteur, n'hésite pas à pratiquer la lecture "accélérée" sur certains passages interminables d'accumulations et voulus tels (comme le descriptif minutieux et détaillé des mille et un gestes que le cadre sup fait pour être bô le matin avant d'aller bosser) si tu sens que tu t'enlises.

Coldfingers a écrit:

je viens de lire un truc pas nouveau mais que j'avais occulté
:
Soie de A baricco
J'ai aimé l'histoire mais la trad semble dégeu ! Beaucoup de fautes et on ne sent pas le sarcasme qu'il doit y avoir dans le texte italien.
Dommage que l'auteur ait précipité son style. L'histoire méritait mieux. Peut être une écriture un peu plus à la Thomas Bernhard, dans le genre monolithique des "maîtres anciens" ou terriblement dépressif de OUI. L'écriture est vraiment trop précipitée et l'edition Folio est telle qu'elle accentue l'idée qu'il faille rapidement lire.

Eh bien moi j'ai adoré. J'ai retrouvé dans l'écriture la sagesse, la minutie et l'art de vivre de ce que j'ai pu lire de là-bas, à l'autre bout du globe. Une poésie différente, déroutante.
Baricco n'est pas sarcastique, dans ses bouquins. Du moins, je ne le sens pas ainsi. Il m'atteint au plus profond par sa sensibilité et son approche des choses, son imaginaire et la façon dont il fait sortir cet imaginaire.
Ses bouquins me font littéralement décoller.
As-tu lu d'autres oeuvres de lui ?
Château de la colère, avec les 200 km de rails sans direction...
Océan Mer, avec sa galerie de peinture incroyable et la description du naufrage...
City, avec le petit traité sur la pensée, entre autres...
Novecento, Pianiste... mais là, c'est une histoire d'amour entre lui et moi.

En un mot comme en cent, Baricco : j'AIME !!!

Clair Obscur a écrit:

Eh bien moi j'ai adoré. J'ai retrouvé dans l'écriture la sagesse, la minutie et l'art de vivre de ce que j'ai pu lire de là-bas, à l'autre bout du globe. Une poésie différente, déroutante.
Baricco n'est pas sarcastique, dans ses bouquins. Du moins, je ne le sens pas ainsi. Il m'atteint au plus profond par sa sensibilité et son approche des choses, son imaginaire et la façon dont il fait sortir cet imaginaire.
Ses bouquins me font littéralement décoller.
As-tu lu d'autres oeuvres de lui ?
Château de la colère, avec les 200 km de rails sans direction...
Océan Mer, avec sa galerie de peinture incroyable et la description du naufrage...
City, avec le petit traité sur la pensée, entre autres...
Novecento, Pianiste... mais là, c'est une histoire d'amour entre lui et moi.

En un mot comme en cent, Baricco : j'AIME !!!

mais est-ce que tu le lis en VO ?
m'fait penser qu'on m'a passé le truc du pianiste, faut ptêt que je l'lise