Jour de Paques

En ce beau jour de Paques, nous avons choisi de balancer Karl Marx....
et notamment la réplique symbole pour marque ce jour béni : "Je connais Jésus... Il n'est pas prêt de revenir"

Jouissif, la provoc...

Bien.
Nous avons donc donné nos deux spectacles le soir de Paques.
Journée bien remplie, entre les fils, les boutons, les rideaux, les fards, les dernières agrafes à poser, le fourbi habituel, quoi !

Je me demandais qui pourrait bien se déplacer, un jour de Paques, pour le théâtre. Ben si, ils se sont déplacés. Nombreux, même !!!

Première pièce présentée : "Karl Marx, le retour", d'après le super bouquin de Howard Zinn.
J'en ai parlé dans un autre fil de Scène, quelque part, je sais plus quand.

Inutile de vous dire que le sujet incite à la réflexion, au sujet de cette société de merde dans laquelle on appelle "progrès" ce qui simplement creuse le fossé entre l'opulence et la pauvreté.
On en sort écoeuré des riches, et on a envie de regarder vraiment autour de soi. Je vous dirai que je connais le texte par coeur, qu'il a été décortiqué un milliard de fois pour trouver la bonne intention, pour pousser le comédien là où je voulais qu'il aille, c'est à dire dans l'authenticité (c'est marrant, d'ailleurs, parce que le comédien en question n'a pas tout à fait les mêmes idées que Marx, donc il a fallu commencer par lui faire comprendre la gravité du sens des mots. Il semblait comprendre, mais ne pas ressentir du fond des tripes... )
Je connais donc le texte par coeur, mais bon, rien à faire, je me hérisse de chair de poule quand le personnage aborde la misère d'un regard lucide, qu'il oblige à écouter cela, qu'il oblige à la conscience.
Enfin quoi, merde ! Vous trouvez ça normal, que des hommes soient à ce point maintenus la tête sous l'eau par ceux qui pavanent ?

30 mn de prises de conscience dans le public. Pourvu que l'onde de choc dure au-delà...
Très réactif, il a tout pris, tout avalé, tout ingurgité entre rire et émotions très fortes.
Il nous a sauté sur le poil, le public, qu'on était même pas sortis des coulisses. Des baisers chaleureux et des mots qui nous ont fait comprendre qu'on avait touché quelque part. Génial. Faut vraiment qu'on la tourne, cette pièce.
Même si c'est du vent, dans notre société pourrie...

Entracte. Bar.

Puis l'autre pièce, bien plus légère, pour finir dans le rire partagé.
"Ça y est, c'est décidé" (écrit et mis en scène par Clair Obscur, à sa manière évidemment...)
Où l'on prend des décisions impossibles, de grandes décisions absurdes.
Deux personnages en scène (cette fois j'y suis aussi). Un homme et une femme, qui prennent tour à tour plusieurs personnages pour les faire vivre un instant.
C'est ainsi qu'on décide d'arrêter de dormir, d'aimer, de se remettre à boire, de recycler sa production de carottes ou de coucher avec son mari (au bout de 7 ans de mariage, c'est permis), de se faire rogner les orteils etc....
Un petit délire noir et rouge, enlevé et drôle, avec au milieu de tout ça, une touche de poésie et une incursion dans la tragédie.

Ils ont hurlé de rire, parce que nous ne lésinons pas sur le caractère des personnages, et que nous impliquons le public, allant jusqu'à descendre le provoquer (les gens adorent et les comédiens aussi)

Belle journée, belle soirée !
Ah, quelle récompense, au bout de tant de temps de boulot, d'engueulades, d'énergie dilapidée, de doutes et de trac....

Figurez-vous... je le dis, hein... que ma plus grande trouille a été de penser "Nom de Dieu ! Et si Fulmi et Anti étaient descendus en famille et étaient dans la salle ??"
Alors j'ai piqué une vraie crise de peur aux tripes. Le truc m'a hantée jusqu'à ce que s'allument les feux. Alors j'ai oublié et j'ai joué. Je n'y ai repensé que ce matin au réveil, en me traitant d'idiote. Mais vous savez, dans les coulisses, on déjante complet...

Prochain rendez-vous début juin pour un week-end théâtre...
Puis début juillet à Bayonne, pour la fameuse Nuit du Théâtre...
Et d'autres projets bientôt.

Allez, c'est parti, on les tourne, maintenant. Encore des semaines à répéter pour peaufiner encore et encore, avant de commencer une autre pièce.

Clair Obscur a écrit:

Figurez-vous... je le dis, hein... que ma plus grande trouille a été de penser "Nom de Dieu ! Et si Fulmi et Anti étaient descendus en famille et étaient dans la salle ??"
Alors j'ai piqué une vraie crise de peur aux tripes. Le truc m'a hantée jusqu'à ce que s'allument les feux. Alors j'ai oublié et j'ai joué. Je n'y ai repensé que ce matin au réveil, en me traitant d'idiote. Mais vous savez, dans les coulisses, on déjante complet...

Clair.......

Pour moi, ce sera mercredi soir "Inventaires" de Philippe Minyana :pale:

Mercredi soir, je serai toute ouïe... quelque part loin, quelque part près...
Tout se passera bien, j'en suis sûre.
D'ici là et pour faire dans la tradition :

MERDE !

:lol:

Bidouille a écrit:

Clair Obscur a écrit:

Figurez-vous... je le dis, hein... que ma plus grande trouille a été de penser "Nom de Dieu ! Et si Fulmi et Anti étaient descendus en famille et étaient dans la salle ??"
Alors j'ai piqué une vraie crise de peur aux tripes. Le truc m'a hantée jusqu'à ce que s'allument les feux. Alors j'ai oublié et j'ai joué. Je n'y ai repensé que ce matin au réveil, en me traitant d'idiote. Mais vous savez, dans les coulisses, on déjante complet...

Bawi, Bidouille.... je sais, c'est ridicule... il se marrerait s'il savait. J'assume.
C'est vachement dur de jouer devant ceux que l'on connaît. La peur du jugement sans doute. Se faire juger par des inconnus n'a aucune incidence. Par les amis, c'est grave.

Clair Obscur a écrit:

C'est vachement dur de jouer devant ceux que l'on connaît. La peur du jugement sans doute. Se faire juger par des inconnus n'a aucune incidence. Par les amis, c'est grave.

Mais on ne te jugera pas ! On aura un avis, simplement.

Oui, je sais... Je sais, quand je réfléchis.
Dans les coulisses, impossible de réfléchir d'une manière sensée. Tout fout le camp, tout dérape, tout prend des proportions énormes, tout enfle sans qu'on puisse rien arrêter, tout vient en vrac, pendant que le texte se perd... panique à bord...
C'est le moment où je ne maîtrise plus rien....

Mais tu vois, sitôt les premières notes de musique, tout bascule. Plus rien n'existe nulle part, sauf cet instant là.
Lumière.
Je ne suis plus moi, mais "Elle"

Toi, avec ton regard de public, tu fais ce que je vais faire en te lisant. Tu prends, tu reçois avec ta sensibilité, ton vécu peut-être, ton imaginaire.
Et tu traduis ce que tu vois (ce que je lis) en réaction.

Ne jamais craindre les réactions. Leçon 1.
J'apprends tous les jours.