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 Houellebecq

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alejandro
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MessageSujet: Houellebecq   Houellebecq EmptyVen 19 Aoû - 12:47

qui sort le 31 août prochain, fait déjà couler beaucoup d'encre. Admirateurs et détracteurs se font la gué-guerre via émissions, blogs, journaux interposés. Un feuilleton digne de ce nom.

http://www.lefigaro.fr/litteraire/20050818.LIT0001.html?031627

Stupeur ! Angelo Rinaldi trouve par hasard dans un square le dernier roman de Michel Houellebecq, qui sortira le 31 août prochain. Chronique d'une lecture décevante.

L'auteur.
(Photo R. Vialeron/Le Figaro.)

La stupeur nous cloua sur place comme on s'en revenait, au cœur de l'été, à travers le square du Temple à Paris rempli de cris d'enfants, d'une luxueuse croisière le long du canal Saint-Martin, avec escale à l'hôtel du Nord et colliers de fleurs et vahinés, au pied de l'échelle de coupée, le comité d'entreprise ayant fait les choses en grand.

Ce livre qui traînait là sur un banc, et sur lequel on se penchait, n'était-ce pas un exemplaire du dernier ouvrage de Michel Houellebecq, qui alimente les rumeurs depuis une saison? Le roman qui, contre les usages, n'a été communiqué qu'à quelques favoris dont on présume l'admiration? (Voir ci-dessous l'article d'Éric Naulleau.) Le roman que protège, jusqu'à sa mise en vente, à la fin d'août, une sorte de mur de l'Atlantique; et l'on croit voir, comme dans les vieilles bandes des «Actualités» de l'entracte, des canons tournant sans relâche sur leur affût, pointant dans le ciel les avions ou les critiques libérateurs.

Comment donc avait échoué, dans un jardin, ce volume que l'on ouvrait d'une main tremblante, et dont la page de garde s'ornait de la trace de doigts poisseux de graisse? Outre d'un commentaire d'accent juvénile, tracé au stylo à bille – «C'est quoi ce machin? J'ai rien compris» –, qui interdisait la revente à un soldeur pour boucler une fin de mois. Car on ne saurait tout avoir. En fait, il n'y eut pas à pousser loin l'enquête. Une séduisante camarade du service étranger, nous jetant ce regard d'apitoiement, que les cadets réservent aux aînés dépassés par les mœurs de l'époque, nous expliqua la mode du moment. Elle est née aux États-Unis, où les indigènes du New Jersey l'ont baptisée «crossbooking», et ravage maintenant la France.

Elle consiste à abandonner un bouquin dans un lieu public, et d'en suivre les aventures par le moyen d'un site sur Internet. Dès lors, une hypothèse se présentait à l'esprit: le livre de M. Houellebecq, pseudonyme de M. Michel Thomas, a dû tomber de l'un des camions qui, à cette heure, sillonnent le pays – tels les camions-citernes des sapeurs-pompiers charriant l'eau salvatrice – pour en acheminer des centaines de milliers d'exemplaires aux libraires incendiés de curiosité. Il est presque certain qu'il fut ensuite ramassé sur la chaussée par l'un de ces étudiants qui, dans les établissements de restauration rapide, si nombreux dans le IIIe arrondissement, gagnent un peu d'argent de poche en secouant au-dessus des flammes des friteuses dégouttantes d'huile, dans les arrière-cuisines où la visite de l'inspecteur du travail ne serait pas toujours inopportune. D'où les empreintes digitales...

On a cent mille fois remarqué que le hasard sert souvent un journaliste. En la circonstance, s'il lui réserve une exclusivité, il n'a pas assuré son bonheur car la lecture confirme le jugement de l'inconnu qui s'est hâté de replacer sa trouvaille dans le circuit, et à Dieu vat... Il n'y a rien qui soit plus aride, plus pauvret et plus obscur en même temps. Un échantillon, quand on pourrait en fournir des dizaines? A propos de la «mise à mort de la morale» (p. 52): «Si la fluidification des comportements requise par une économie développée était incompatible avec un catalogue normatif de conduites restreintes, elle s'accommodait par contre parfaitement d'une exaltation permanente de la volonté et du moi.»

L'ensemble où se mêlent en apparence pour nous bluffer informatique, génétique, clonage, collagène, ADN, «radicaux libres», qui ne sont pas un nouveau parti politique, s'ajoutant aux «protéines et phospholipides complexes impliqués dans le fonctionnement cellulaire», relève, pour l'essentiel, de la science-fiction aux mains d'un chimiste en goguette. Or, le recours à la science-fiction, c'est déjà un signe de faillite chez un romancier. Pas du tout l'accès à une liberté d'imagination plus grande, que l'on suppose puisqu'il est plus facile d'imposer l'arbitraire que d'obtenir du fantastique à partir de l'observation de la psychologie humaine. Laquelle est pourtant inépuisable.

Ce «récit de vie» destiné à nous projeter dans les siècles futurs où règne la «Sœur suprême» par ordinateurs interposés, commence cependant, aujourd'hui, à travers un narrateur, Daniel, numéro 1, car ils se succéderont à l'infini, les Daniel. Grâce à l'ADN «répliquée», mise à l'abri dans un congélateur – quelle erreur ce serait, choisir le bac à légumes – chacun aura la possibilité de ressusciter. A sa vingt-cinquième récidive, Daniel erre sur une planète à l'aspect désolé dont on a «modifié l'axe de rotation». Elle est peuplée de «néo-humains», les individus de l'ancien modèle, qui ont échappé aux expériences en laboratoire, n'étant plus que des gnomes aux borborygmes du Neandertal. On tire sur eux pour s'amuser. N'est-ce pas Cocteau qui a parlé de l'«ennui mortel de l'immortalité»? Au début, Daniel est un comique de cabaret, qui obtient le succès et l'Olympia pour un spectacle intitulé Les Echangistes de l'autoroute. Sa maîtresse, Marie, directrice du magazine Lolita, «où débarquent chaque mois des pétasses toujours plus jeunes et plus arrogantes». Par peur de vieillir, elle se suicide. Esther la remplace. La sexualité, assez souvent réduite aux services de bouche qui semblent obséder l'auteur, est décrite dans un argot de potache, donnant l'occasion de vérifier à nouveau, que l'on n'est pas cru en raison du vocabulaire que l'on utilise, mais de l'art que l'on déploie. Ici, il est inexistant.
Arrivera-t-on jusqu'au bout du résumé? Daniel rencontre aussi un gourou qui promet la peau fraîche et orgasme en permanence à ses disciples qu'il rassemble en congrès dans sa résidence fortifiée, au sommet d'une montagne des îles Canaries. Une splendide actrice descend de l'avion de Rome, curieuse des débats, escortée de son petit ami. Le gourou, qui n'en a pas assez, dans son harem, de sept secrétaires court vêtues, la violente. L'Italien, qui a une Porsche et le sens de l'honneur, le tue. Qui va succéder au prophète dont le corps sera précipité dans le cratère d'un volcan, comme celui d'Empédocle, qui, sinon le fils qu'il avait caché jusqu'à cet épisode?

Surgissent de loin en loin – lorsque Nietzsche et Platon ne sont pas mobilisés – des personnalités de la rubrique mondaine – champions de tennis ou couturiers allemands. Elles servent sans doute autant que les funèbres gaillardises à insuffler un semblant de mouvement à une prose qui coule avec lenteur, comme fuit le robinet de la cuisine qui continue de perdre, goutte après goutte, son liquide sans saveur, lorsque SOS plombier tarde à intervenir. (En été, n'espérez personne.) Notons que maintes phrases en anglais ne sont pas traduites. Tel procédé pour faire chic remonte aux romans de la gentry, publiés par Abel Hermant vers 1930 – pas toutes mauvaises d'ailleurs, les œuvres d'Hermant qui a disparu dans l'ombre du massif proustien. L'un de ses contemporains, Henri de Régnier, est cité pour une parole dont la profondeur émerveille: «Vivre avilit.»

A ce stade du ridicule, et parce que toujours on voudra de quelque façon sauver un auteur, on se demande si tout cela ne témoigne pas d'un humour à l'usage de quelques initiés. Reste qu'à l'avenir, en cas de nouvelle découverte dans un jardin ou le métro, on appellera d'abord la patrouille du plan Vigipirate. Ne s'agirait-il que d'un pétard mouillé.

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Silence, on vend !


Dernière édition par le Ven 19 Aoû - 12:49, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Houellebecq   Houellebecq EmptyVen 19 Aoû - 12:48

Silence, on vend ! PAR ÉRIC NAULLEAU [18 août 2005]

Eric Naulleau est l'auteur d'un essai Au secours! Houllebecq revient /éd.
Chiflet and Cie.

La possibilité d'une île, 484 p., 22 €.


Autrefois, s'agissant d'évoquer Michel Houellebecq, il fallait déjà renoncer à parler de style, puisque l'intéressé pouvait se flatter de n'en posséder aucun.

Autrefois, il fallait déjà renoncer à parler de construction, puisque Plateforme, son précédent opus, empruntait la sienne au plus sommaire des romans d'aérogare. Autrefois, s'agissant d'évoquer Houellebecq, il fallait aussi renoncer à parler d'histoire, ce que confirmait l'écrivain cité avec cet hybride d'élégance et de subtilité qui lui vaut sa réputation dans certains milieux éclairés : «Je crois que la narration me fait chier. Je ne suis définitivement pas un storyteller.»


Autrefois, s'agissant d'évoquer Houellebecq, il fallait enfin renoncer à parler d'idées, puisque celles de l'auteur se limitaient à quelques généralités sur des notions trop vastes pour lui (de l'eugénisme à la physique quantique en passant par la biologie moléculaire), à des sentences qui ne risquaient guère de troubler le dernier sommeil de Chamfort ou de La Rochefoucauld («On ne pleure plus assez aujourd'hui, alors que c'est bon pour la santé.»). Sans oublier de franches inepties islamophobes où la sottise le disputait à une volonté de faire oeuvre. Des propos qu'il renia sans gloire devant le tribunal, préférant accuser notre confrère de Lire Pierre Assouline, à qui il attribua une mauvaise transcription de leur entretien....

Aujourd'hui, à propos de Michel Houellebecq, on doit de surcroît renoncer à parler de ses livres, puisque les éditeurs de son prochain roman ont décidé d'en limiter les services de presse à quelques journaux amis. Bénéficiaires de conditions préférentielles, et même d'une manière d'exclusivité temporaire, ceux-ci pourraient-ils se montrer assez ingrats pour exprimer des réserves ou, à Dieu ne plaise, formuler des critiques sur le chef-d'oeuvre annoncé ? Fin de l'intolérable suspense dans quelques jours.


En cette rentrée littéraire, le débat fait ainsi rage autour d'un texte que l'on n'a pas lu. D'aucuns jugeront que la situation manque de sérieux. Elle brille en tout cas par sa cohérence avec les précédents épisodes d'une comédie du livre que ses aspects bouffons et l'importance des enjeux financiers élèvent au rang de première mais, hélas, sans doute pas de dernière du genre.

Voilà, en effet, plus d'une année que la presse, spécialisée ou non, se fait l'écho des péripéties du transfert de l'auteur des Particules élémentaires depuis Flammarion vers Fayard. Puis des négociations portant non seulement sur les droits d'un nouveau livre mais aussi sur son adaptation au cinéma par Houellebecq lui-même. Il fut rapidement établi que le groupe Lagardère (déjà propriétaire de Fayard) avait joué un rôle essentiel par l'intermédiaire de sa filiale audiovisuelle GMT Productions.


On sut assez vite que le contrat portait sur une somme globale d'environ 1,5 million d'euros, on n'ignora bientôt plus rien ni de l'architecture de l'auberge normande où s'étaient tenues les discussions. Ni du temps qu'il faisait en ce 27 avril 2004. Un mauvais esprit parvint même à reconstituer le menu du repas d'affaires : quel ques bon nes poires et un gros gâteau à partager entre Houellebecq et son agent, représentant d'une profession jusqu'alors plus familière des vestiaires de football que des cercles littéraires, et dont en l'occurrence on remarque mal l'utilité. Si ce n'est de monter les enchères et d'achever de pourrir par l'argent ce qui peut l'être encore au royaume des Lettres.


Le titre du roman ? Les choses devenaient soudain beaucoup plus floues : L'Île, La tentation d'une île... ? Quant à son contenu, on demeurait dans la plus parfaite ignorance et pour cause : aucun des protagonistes du grand marchandage n'avait encore eu connaissance du livre de Houellebecq pour l'excellente raison que celui-ci ne l'avait pas encore écrit. On entrait là, du même pas, un pas de course, un pas de course au profit pour tout dire, dans le règne du roman virtuel et dans celui du capitalisme littéraire. Il eût été dommage de s'arrêter en si bon chemin : la fidèle critique suivit le mouvement avec enthousiasme.


L'hebdomadaire Les Inrockuptibles délégua son rédacteur en chef jusqu'aux confins de l'Andalousie pour converser avec l'auteur de La Possibilité d'une île et de l'impossibilité d'en dire quoi que ce fût puisque l'émissaire confessa d'emblée ne pas l'avoir lu et que l'auteur, stratégie médiatique oblige, avait reçu consigne de n'en souffler mot. Le tout délayé sur six pages, certes aux deux tiers occupées par des photographies de l'Andalou d'adoption. Bel exploit tout de même, ce qu'il convenait de souligner en reproduisant l'article dans un volumineux hors-série édité par les mêmes Inrockuptibles et augmenté d'un DVD d'entretiens avec le maître du bafouillage embrumé. (Inutile de modifier les réglages de son téléviseur, l'origine du problème se trouve ailleurs.) Même le traditionnel «bonus» figurait en bonne place avec un court-métrage intitulé La Rivière, porno soft signé par nul autre que Michel Houellebecq et qui ne laisse pas de soulever d'immenses espoirs quant à sa future adaptation de La Possibilité d'une île.


On se prend à rêver, mais ce n'est bien sûr qu'un rêve, qu'il parvienne, au panthéon ou plutôt sur l'éventaire des plus mauvais films français de tous les temps, à détrôner l'effarant navet de M. Bernard-Henri Lévy : Le Jour et la Nuit. D'autant que le futur auteur-réalisateur cite comme suprême référence Y a-t-il

un exorciste pour sauver le monde ?, ultime avatar d'une série auprès de laquelle le légendaire Mon curé chez les nudistes, de Robert Thomas, attraperait, par contraste, des finesses bergmaniennes.

Il n'en fallut pas davantage pour que le rédacteur en chef des Inrockuptibles se retrouvât sur le plateau de l'émission Campus, où M. Guillaume Durand interpréta avec conviction le rôle de l'homme qui a vu l'homme qui a vu l'ours. Et il se chuchote, à présent, avec insistance qu'un livre fantôme, cette Possibilité d'une île qu'à peine une dizaine de lecteurs ont à ce jour eu sous les yeux, est d'ores et déjà promis à la consécration du prochain prix Goncourt. Incroyable ? C'est le mot. Mais vrai ? Nous le saurons bientôt.


Qu'un pays engoncé dans une curieuse sinistrose se voie proposer comme porte-drapeau et porte-plume un écrivain qui se réclame du «kitsch dépressif», rien de plus logique. Mais que ce même écrivain, à la fois dans ses livres et dans ses déclarations publiques, succombe si souvent à la tentation islamophobe, entre autres fâcheuses détestations, sans que personne ou presque ne s'en émeuve, voilà qui en dit long sur l'état psychologique de la nation et de ses grandes consciences.

Qu'un éditeur cherche par tous les moyens à rentabiliser son colossal investissement, personne ne songerait à le lui reprocher. Mais qu'une partie du journalisme littéraire le seconde si obligeamment dans cette entreprise, au risque de franchir les ultimes frontières morales qui séparent la critique de la promotion, cela ne s'était encore jamais vu.

M. Houellebecq agit ainsi comme un formidable révélateur et accélérateur des perversions d'un système à la dérive et en pleine dérive. La confusion règne à tous les étages. A ma gauche, Justine Lévy, avec Rien de grave, et Guy Bedos, avec Souvenirs d'outre-mère, tout style et toute pudeur jetés aux orties, déballent leurs secrets de famille respectifs au sein d'une collection que l'on croyait dédiée à la littérature : la Bleue, chez Stock, mais il est vrai que la présence de Christine Angot dans le même catalogue aurait dû nous mettre la puce à l'oreille.

A ma droite, Franz-Olivier Giesbert raconte, dans les pages d'un magazine jusqu'alors peu réputé pour l'exé gèse universitaire (Gala), quel calvaire fut le sien quand, probablement sous la contrainte, il répondit aux in vitations de MM. Marc-Olivier Fogiel et Thierry Ardisson et dut répéter devant des millions de téléspectateurs ses malheurs d'enfant battu déjà complaisamment exhibés dans un récit autobiographique : L'Américain (Gallimard). Une porte de communication mène à présent directement de l'alcôve à la bibliothèque. Et de la bibliothèque au prétoire : il se dit que La Possibilité d'une île fournirait la base d'un nouveau scandale de saison (encore l'islam ?), accessoire désormais aussi indispensable à la stratégie promotionnelle que le communiqué de presse ou l'encart publicitaire.

Les semaines à venir fourniront sans aucun doute d'autres motifs houellebecquiens de consternation ou de franche réjouissance.

En attendant, marquons d'une pierre noire cette rentrée 2005 qui coïncide avec une tentative sans précédent d'évacuer la littérature du champ littéraire même.
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MessageSujet: Re: Houellebecq   Houellebecq EmptyVen 19 Aoû - 12:57

Je me fais plaisir. Mais au fait, qui est ce monsieur Houellebecq ?

http://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Houellebecq

Son père, guide de haute montagne, et sa mère, médecin anesthésiste qui se convertira plus tard à l’islam, se désintéressent très vite de lui, tandis que naît une demi-sœur.

À six ans, il est confié à sa grand-mère paternelle, communiste, dont il a adopté le nom comme pseudonyme.

Il suit les classes préparatoires aux grandes écoles, avant d’intégrer en 1975 l’Institut national agronomique Paris-Grignon (INA P-G). Il sera ensuite élève de l’École Nationale Louis Lumière, en section cinématographe - option prise de vues, dont il sortira diplômé en 1981.

Il connaîtra plus tard le chômage, le mariage, la naissance d’un enfant, le divorce, puis une profonde dépression nerveuse.

Ses deux premiers recueils de poèmes, parus en 1991, passent inaperçus. L’ensemble des thèmes des livres à venir y sont déjà traités : solitude existentielle, dénonciation du libéralisme à l'œuvre jusque dans l’intimité des individus.

Bibliographie
Son premier roman Extension du domaine de la lutte est publié par Maurice Nadeau en 1994 après avoir été refusé par de nombreux éditeurs.
Il fait de Houellebecq le chef de file d’une génération d’écrivains qui se focalisent sur la misère affective de l’homme contemporain. Sans promotion ni publicité, le roman rencontrera principalement son public par le bouche à oreille. Il sera adapté au cinéma en France par Philippe Harel en 1999 et à la télévision danoise par Jens Albinus en 2002.

Les Particules élémentaires, son roman suivant, provoque un tapage médiatique lié à l’exclusion de son auteur de la revue littéraire Perpendiculaire auquel il appartenait, au motif d’idées douteuses. L’auteur, qui a répliqué sans ménagement dans Le Monde, bénéficie fortement de cette publicité.

Les Particules élémentaires attaque également (symboliquement, mais nommément tout de même) l’écrivain Philippe Sollers. Le livre obtiendra quoi qu’il en soit le Prix Novembre, décerné par un jury dans lequel est présent le même Philippe Sollers. Celui-ci viendra également témoigner en faveur de Houellebecq dans le procès de ce dernier à l’occasion de ses déclarations sur l'islam. Houellebecq a partagé avec son traducteur Frank Wynne le prix IMPAC 2002 pour Atomised, la traduction de Les Particules élémentaires


Controverses
Dans un entretien accordé suite à la sortie de Plateforme en 2001, Houellebecq déclare entre autres : « La religion la plus con, c’est quand même l’islam. » Attaqué pour injure raciale et incitation à la haine par la diverses associations musulmanes et la Ligue française des droits de l'homme, il fut acquitté, notamment car l’islam n’est pas une race.

Romancier, rédigeant à l’occasion quelques textes de chansons parfois présentés comme des poèmes, Houellebecq accorde également une place majeure à son œuvre d’essayiste. Il est intervenu dans Les inrockuptibles, Perpendiculaire, L'Atelier du Roman ainsi que dans la presse internationale.

Michel Houellebecq, après avoir résidé en Irlande pendant plusieurs années, vit actuellement en Espagne.
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MessageSujet: Re: Houellebecq   Houellebecq EmptyVen 19 Aoû - 13:26

Anti a écrit:
Dans un entretien accordé suite à la sortie de Plateforme en 2001, Houellebecq déclare entre autres : « La religion la plus con, c’est quand même l’islam. » Attaqué pour injure raciale et incitation à la haine par la diverses associations musulmanes et la Ligue française des droits de l'homme, il fut acquitté, notamment car l’islam n’est pas une race.

Compte-rendu du procès sur atheisme.org :
http://www.atheisme.org/houellebecq.html

Des articles sur H., certains payants :
http://www.houellebecq.info/presse.php3
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http://fr.martini.free.fr/livres/
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MessageSujet: Re: Houellebecq   Houellebecq EmptyVen 19 Aoû - 13:32

Un article de l'Express, août 2005 :

L'Exprès : août 2005 - Houellebecq fait son clône


Houellebecq fait son clone par Olivier Le Naire

Une fois encore, c'est le grand cirque pour la sortie de son nouveau roman. Clonages à tous les étages, provocs extrêmes, sectes, mensonges et autodérision... L'auteur de La Possibilité d'une île va-t-il décidément trop loin? Qui, parmi vous, mérite la vie éternelle? Pour explorer cette question, sur laquelle ouvre son nouveau roman, Michel Houellebecq a écrit 488 pages souvent provocantes, parfois écœurantes, toujours intelligentes, qui, à elles seules, auraient suffi à constituer l'événement de cette rentrée littéraire.

Dommage que La Possibilité d'une île donne lieu à toutes sortes de manipulations médiatiques (lire l'encadré) qui n'auront finalement servi qu'à brouiller les pistes. Car, derrière le phénomène de foire éditoriale, derrière la machine à gagner des millions qu'est devenu Houellebecq, il y a un auteur dont seuls les livres devraient compter. Et le reste n'est qu'anti-littérature. En attendant les Elohims.

Pour ceux qui connaîtraient encore mal le bonhomme, rappelons que Houellebecq, même s'il joue volontiers les Droopy de service, n'écrit pas pour distraire son monde, mais bien pour annoncer les mauvaises nouvelles. Par exemple, la fin prochaine de l'humanité telle qu'on la connaît actuellement, et qu'il décrit par le menu dans ce nouveau roman. Au cours du XXIe siècle, donc, une secte promettant l'immortalité à ses membres a fini par supplanter les religions traditionnelles, déjà mal en point. Face à une société qui refuse de vieillir et de souffrir, à la frustration sexuelle, à la «mort de Dieu» et à la débine du monde, les adeptes ont besoin d'espérance. Et chacun d'entre eux, avant son suicide volontaire lorsqu'il se sent devenir vieux, donne un échantillon d'ADN et un «récit de vie» afin d'être cloné, un jour, en néohumain. Quand, à son tour, ce clone a passé la cinquantaine, lui aussi se suicide pour laisser la place à un successeur, obtenu sans fécondation ni mère porteuse. Car, chez Houellebecq, les néohumains n'ont plus besoin de nourriture ni d'appareil locomoteur. Ils viennent sur terre directement à l'âge de 18 ans, sans avoir eu d'enfance, fabriqués à partir d'un mélange de gaz et de molécules. Ils vivent seuls, ne connaissent ni la souffrance ni les sentiments, ignorent quasiment la sexualité. Et attendent patiemment l'arrivée des Elohims, extraterrestres porteurs d'éternité. Une fiction en grande partie inspirée par la secte des raéliens, qui fit parler d'elle en 2003 lorsqu'elle prétendit avoir créé le premier clone humain.

L'essentiel du livre est construit autour du récit de vie de Daniel 1, découvert et lu, quelque deux mille ans plus tard, par Daniel 24, puis Daniel 25, ses lointains clones, qui le commentent alors qu'une apocalypse nucléaire a depuis longtemps ravagé la planète. Un excellent prétexte pour imaginer un possible avenir à l'homme, certes, mais surtout pour regarder notre siècle à distance critique. Et la critique - cruelle ou narquoise - est, on le sait, la spécialité de Houellebecq. Y compris lorsqu'elle s'applique à lui-même, puisque le personnage de Daniel 1 fait irrésistiblement penser à l'auteur. Un comique shooté au pastis-Tranxène.

Lorsqu'il écrit son récit de vie, Daniel 1 vit donc en Espagne à notre époque. C'est un comique odieux et désespéré qui se shoote au pastis-Tranxène, traîne son mal de vivre, son ennui et sa misanthropie sur les autoroutes et dans une luxueuse villa de 17 chambres. Après avoir vécu avec deux beautés sensuelles - Isabelle, puis Esther, semblant tout droit sorties d'un film d'Almodovar - et partouzé à droite à gauche, il n'a plus d'intérêt que pour son chien et cette fameuse secte qu'il découvre. Sa fortune, il l'a réalisée en montant des films ou des sketchs antijuifs, antiarabes, antifemmes, bref, anti tout ce qu'on voudra, depuis qu'il a compris que le cynisme et la provocation sont les meilleurs moyens de gagner de l'argent. Et de devenir célèbre.

Quand Daniel 1 se lance dans des «gags» dépassant ouvertement les bornes, avec des devinettes du genre «Comment appelle-t-on le gras autour du vagin? La femme», des films titrés «Broute-moi la bande de Gaza» ou «On préfère les partouzeuses palestiniennes»; quand il traite les juifs de «poux circoncis» et les chrétiens libanais de «morpions du con de Marie», Houellebecq joue-t-il simplement avec la provoc' extrême ou se réfugie-t-il derrière le dix-huitième degré et un personnage de fiction? Une chose est sûre, il n'a pas besoin de paravent pour tourner en dérision Bernard Kouchner, Jamel Debbouze, Karl Lagerfeld, Marc-Olivier Fogiel, Björk, Michel Onfray, Vladimir Nabokov, Bill Gates, mais aussi la gauche, la droite, les écologistes, la société de consommation, Le Nouvel Observateur, Le Monde, Le Point (faut-il être très vexé qu'il ait oublié L'Express?). Pas de tabou non plus sur le progrès médical, les enfants («des nains vicieux!»), les personnes âgées, le suicide... et bien sûr Dieu («Il existe, j'ai marché dedans»). Bref, une mise en question radicale de la société dans son ensemble qui, curieusement (quoique...), épargne plutôt les raéliens. De quoi, en tout cas, entretenir procès et polémiques pendant trois mois pour rester dans l'actualité jusqu'à la date du Goncourt.

Impossible, pourtant, de réduire le livre à ces provocations strictement sans intérêt si elles étaient gratuites. Car l'ambition de Houellebecq est de prendre à son propre piège une société qu'il juge monstrueuse, déliquescente, insauvable. Désespérante et désespérée. D'où le projet d'en démonter les ressorts et la logique, perverse jusqu'à l'absurde.

L'idole noire d'un public jeune. Roi du cynisme, Houellebecq va jusqu'à exposer sa méthode pour manipuler l'opinion et les médias. Celle-là même qu'il applique avec tant d'efficacité pour ses livres. Daniel 1 résume ainsi son rôle: «J'étais un observateur acéré de la réalité contemporaine mais il restait si peu de choses à observer: nous avions tant simplifié, tant élagué, tant brisé de barrières, de tabous, d'espérances erronées, d'aspirations fausses. [...] La liberté, j'étais plutôt contre.» Même son de cloche un peu plus loin: «Comme le révolutionnaire, l'humoriste assumait la brutalité du monde, et lui répondait avec une brutalité accrue.» Et de conclure: «En somme, comme tous les bouffons depuis l'origine, j'étais une sorte de collabo. [...] J'établissais la clarté, la lucidité, la "distance humoristique"; j'interdisais l'action, j'éradiquais l'espérance; mon bilan était mitigé.» Houellebecq accomplit donc à sa manière - hautement discutable - sa tâche d'écrivain en promenant son miroir sur les routes cabossées de la modernité. Et en appuyant là où ça fait vraiment mal.

Ce n'est pas par hasard non plus si, après Extension du domaine de la lutte - son meilleur livre à ce jour - il a conquis un très large public pour s'imposer, y compris à l'étranger, comme l'auteur français le plus novateur de sa génération. Alors que les soixante-huitards gardaient jalousement le monopole de la révolte, Houellebecq a fait exploser tout cela au point même de voler la vedette au provocateur de service, Philippe Sollers, mais aussi d'amener une partie de la critique et des jurés littéraires à se rallier à lui s'ils ne voulaient pas être écrasés par ce rouleau compresseur. Avec lui, pour la première fois depuis longtemps, un écrivain français s'intéressait, pour mieux les critiquer, à l'entreprise, aux sciences, à la publicité, aux supermarchés, bref, à tout ce qui a fait le XXe siècle. Et miné le XXIe. Son ton nouveau, pince-sans-rire, terriblement efficace, mettait aussi en pièces le politiquement correct. Bref, il apportait du sang neuf à une littérature enfermée dans un nombrilisme béat. Il se faisait ainsi le porte-parole, l'idole noire d'un public jeune, sans illusions, sans mythes, sans religion et donc sans espérance, se sentant comme lui prisonnier d'un monde à bout de souffle. On connaît la suite.

Houellebecq a-t-il progressé depuis? En ce qui concerne les ventes et l'autopromotion, c'est une évidence. Sur le fond, ça se discute. La Possibilité d'une île, roman «total», riche et dense, est truffé de formules, d'interrogations pertinentes, de scènes réussies. En particulier lorsque Houellebecq montre - dans un parallèle avec Jésus-Christ - comment naît un gourou, ou, dans la dernière partie, lorsque Daniel 25 erre, indécis, dans la campagne espagnole irradiée et les ruines de l'ancienne Madrid, encerclé par les derniers vrais humains revenus à l'état sauvage. Le roman est bien construit, sa partie SF, classique et efficace. Houellebecq affine aussi, avec ce livre, son impitoyable autoportrait et alimente sa sulfureuse «légende», comme si lui-même voulait s'inventer un clone. Un clone pensé et réfléchi, dûment corrigé et rectifié (nous y reviendrons la semaine prochaine avec la biographie non autorisée que lui consacre Denis Demonpion).

Mais ses inconditionnels ont beau voir en lui le nouveau Céline, il n'a de l'auteur du Voyage que la violence, la désespérance, la lucidité. Pas cette puissance, cette singularité stylistique qui font la différence des plus grands. Officiellement, la platitude de l'écriture serait chez Houellebecq un choix assumé - une marque d'époque. Or on a plutôt l'impression qu'il cherche encore son style, en lisant ces phrases - aucunement au second degré - où il se laisse aller à un lyrisme pseudolittéraire: «Les falaises dominent la mer dans leur absurdité verticale, et il n'y aura pas de fin à la souffrance des hommes.» C'est cela, Michel, c'est cela! Sans parler des «poèmes», du genre: «Je suis seule comme une conne/ Avec mon/ Con». Les adeptes du haïku apprécieront peut-être. Mais Houellebecq, lui, peut mieux faire, beaucoup mieux. Il l'a déjà prouvé.

En librairie le 31 août.
La Possibilité d'une île Michel Houellebecq éd. Fayard 488 pages

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MessageSujet: Re: Houellebecq   Houellebecq EmptyVen 19 Aoû - 13:39

Oh purée ! T'as pas le droit !

Déjà tu lis Céline, si tu enchaînes directement après avec la lecture de Houellebecq, bonjour l'ambiance à la rentrée!

Anti
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MessageSujet: Re: Le nouveau Houellebecq   Houellebecq EmptyVen 19 Aoû - 14:52

Anti a écrit:


Le roman qui, contre les usages, n'a été communiqué qu'à quelques favoris dont on présume l'admiration?

C'est la stratégie markéting de Luc Besson pour ses films depuis un moment déja. Ca lui a bien réussi.

Houellebecq, le besson de l'édition ... si c'est pas malheureux !
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MessageSujet: Re: Houellebecq   Houellebecq EmptyLun 22 Aoû - 20:28

Michel Houellebecq : "Tout ce que la science permet sera réalisé"
LE MONDE | 20.08.05 | 16h12 • Mis à jour le 20.08.05 | 16h12


Quand Michel Houellebecq donne un rendez-vous à Paris, c'est dans un hôtel ­ il n'habite plus en France. Si on ne l'avait pas lu, on s'attendrait à être convoquée dans un palace, sachant que, déjà auteur à succès, il a en outre reçu une somme confortable ­ plus de 1 million d'euros ­ pour son transfert de Flammarion à Fayard. Mais Houellebecq préfère "être en situation", regarder ce qu'il décrit dans ses romans. Il choisit donc, "en Europe du moins", dit-il, une chaîne d'appartements-hôtels. Pas très glamour. Mais il s'y sent bien, "une pièce pour travailler, une pour dormir, une petite cuisine" .

Toujours courtois, il prépare du café, récupère les cendriers dans le lave-vaisselle, enfile des chaussons d'appartement en cuir noir, et se dit prêt à être interrogé. Comme tout écrivain certain d'être attendu au tournant de la malveillance, il est à la fois prudent et habile. Après chaque question, il prend son temps. Réfléchit, tire sur sa cigarette, soupire un peu en disant quelques mots, se tait de nouveau, puis donne sa réponse. C'est assez désarçonnant, mais on finit par aimer ce rythme, on s'amuse de son sourire en coin, de son air du type auquel on ne la fait pas. Ou plus. Car on l'a connu moins méfiant. Ce qui lui a valu des ennuis, un procès. Et il n'est pas homme à commettre plusieurs fois les mêmes erreurs.

Votre quatrième roman, La Possibilité d'une île, qui sort le 31 août, met notamment en scène un personnage contemporain, Daniel, et ses clones, des néo-humains. Considérez-vous ce récit comme de la science- fiction ?
Le récit au présent, celui de Daniel 1, est déjà une légère anticipation. Par exemple, je ne pense pas que Lolita, le magazine où travaille l'amie de Daniel, marcherait aujourd'hui. De même, je ne crois pas que les intégristes musulmans vont être ringardisés tout de suite. Cela va prendre un peu de temps. Je dirais que la partie "Daniel 1" est une anticipation à dix ans. Le reste, les clones, les néo-humains, c'est de la science-fiction, c'est-à-dire de l'anticipation sans garantie de réalisation.

Pourtant, à vous lire, on se dit que les probabilités de réalisation sont sérieuses, voire certaines.

Certaines choses sont, je crois, irréversibles. Tout ce que la science peut permettre sera réalisé, même si cela modifie profondément ce que nous considérons aujourd'hui comme humain, ou comme souhaitable.

J'ai mis longtemps à l'admettre, mais la philosophie relève de la littérature, et ce n'est pas la littérature qui dit la vérité. Seule la science dit la vérité. Et sa vérité s'impose.

La science-fiction m'a beaucoup intéressé à une époque. Puis quand elle s'est tournée presque exclusivement du côté de l'informatique, j'ai un peu abandonné. C'est intéressant, certes, l'informatique, mais bien moins que la biologie, pour envisager l'avenir de l'humanité. J'avais perdu le goût de la science-fiction. J'avais écrit sur Lovecraft. Et j'ai souvent constaté qu'après avoir écrit sur un sujet qui me passionnait je m'en désintéressais.

C'est le cas avec Lovecraft, que j'ai mis longtemps à relire. Mais aussi avec les clubs échangistes, et même avec la Thaïlande. J'avais songé à m'y installer, mais après avoir écrit Plateforme, je n'en avais plus aucune envie. Et c'est encore le cas pour le livre qui sort maintenant. Je me suis intéressé aux voitures puissantes, aux sectes adeptes du clonage. Et c'est fini. J'ai le sentiment de ne m'être intéressé à tout cela que pour l'écrire. C'est parfois une sensation désagréable de vivre les choses uniquement pour les écrire. Le temps d'écrire La Possibilité d'une île, je me suis installé en Espagne. J'aime travailler sur le motif, j'ai besoin de repères réels. Maintenant, je quitte l'Espagne.

Pour ce qui concerne la science-fiction, j'ai eu récemment un retour d'intérêt, et j'ai lu de très bons livres. Je me dois aussi de mentionner un roman qui est depuis longtemps une sorte de livre de chevet pour moi, Demain les chiens, de Clifford Simak. Simak y réfléchit sur l'avenir de la ville. Les humains continueront-ils à se rassembler, à vivre dans les villes, ou communiqueront-ils seulement de manière virtuelle ?

Dans votre roman, la question est réglée.

Oui, les néo-humains communiquent de manière virtuelle, et ils ont peu à peu, au fil des clonages, perdu les principales caractéristiques de l'humanité : le rire, les larmes, l'humour. Simak, d'autre part, parle des chiens d'une manière qui satisfait mon côté schopenhauerien : il imagine que les chiens ont inventé les hommes pour s'expliquer leurs origines...

Est-ce Schopenhauer qui vous rend si sévère avec Nietzsche et avec Hegel, que vous tenez pour un imbécile ?
Oui, bien sûr. Je suis un militant schopenhauerien, donc antihégélien. Et Nietzsche a durablement barré l'accès à Schopenhauer ; j'ai par exemple lu Nietzsche avant Schopenhauer, que j'ai découvert assez tard. En fait, je dois à Nietz-sche l'occasion de ma première intervention publique.

C'était au lycée de Meaux, en cours d'allemand. On lisait le texte sur le dernier des hommes. Je me suis élevé contre le propos de Nietzsche et j'ai affirmé qu'il fallait souhaiter l'avènement du dernier des hommes. J'ai été exclu du cours. Je suis parti avec la dignité du martyr. Et je me suis mis à lire Nietzsche. Non sans fascination. J'étais très impressionné. Mais ensuite j'ai découvert Schopenhauer et considéré que Nietzsche n'était qu'une petite partie de la pensée de Schopenhauer. Plus exactement, la contradiction systématique d'une version très simplifiée de sa pensée.

Dans votre précédent roman, Plateforme, vous cherchiez une unité, une narration très simple. La Possibilité d'une île est une structure plus complexe. Est-ce parce que, comme vous l'avez dit, vous considérez Plateforme, malgré son succès public, comme un échec ?
Il y a un peu de cela. Plateforme était au départ un projet plus ambitieux que le roman que vous avez lu. Au bout du compte, c'est seulement une histoire. C'est trop une histoire.

J'aime qu'un roman soit plus qu'une histoire, plus qu'une narration close. Qu'on puisse entendre des paroles multiples, des points de vue divers. J'aime faire intervenir du commentaire, comme je le fais dans ce nouveau livre, où il y a abondance de commentaires. Mais curieusement, et sans que je le calcule à l'avance, mes romans sont toujours en trois parties, qui ont toujours la même proportion. Et il y a toujours quelque chose de franchement nouveau qui intervient au début de la deuxième partie : ici c'est le personnage d'Esther. Quant à la troisième partie, elle est toujours plus méditative et sans événement.

Pourquoi avez-vous dit, à plusieurs reprises, que vous aimiez écrire "pas tout à fait éveillé" ?
J'ai moins de censure quand je suis dans cet état. Je suis meilleur, plus libre, moins contrôlé. Je corrige ensuite, tout le temps, même encore sur les épreuves du livre. Mais le premier jet, j'aime bien le faire dans la brume.

.../


Dernière édition par le Lun 22 Aoû - 20:40, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Houellebecq   Houellebecq EmptyLun 22 Aoû - 20:35

De l'écriture automatique, malgré le mal que vous pensez d'André Breton, un "crétin", écrivez-vous dans votre roman ?
C'est un mot. Je n'ai pas de mépris pour le surréalisme, même si je trouve qu'il a été trop récupéré. Publicitairement. Mais l'idée de l'amour libre me paraît absurde. Pour moi, amour et liberté sont radicalement antinomiques. Toutefois, je ne dis pas qu'il faudrait renoncer à l'amour...

Vous dites de vos deux personnages féminins principaux que l'un n'aimait pas assez le sexe et l'autre pas assez l'amour.
En effet, mais je maintiens que "amour libre" est un oxymore. Que l'amour est toujours une aliénation, de soi et de l'autre.

Et l'amour des chiens, qui semble demeurer chez les néo-humains, n'est-ce pas une aliénation ?
Il y a d'abord l'amour du chien pour son maître. Mais pour le chien, la question de la liberté ne se pose pas. Et le désir d'être un chien, le désir de dépendance, peut aussi se comprendre, non ?

Au début d'un de vos livres, Rester vivant, méthode, paru en 1991, vous écrivez que "le monde est une souffrance déployée". N'est-ce pas ce que vous n'avez cessé d'explorer depuis ?
Si. C'est cela. Avec des moments de bonheur bien sûr. Il y a une citation de Schopenhauer que je n'ai pas réussi à placer dans mon roman et qui pourtant me plaisait particulièrement, c'est que "la possibilité du bonheur devait subsister, à titre d'appât".

Il n'est pas illégitime de me traiter, comme on l'a fait, de professeur de désespoir, de souligner ma filiation avec Schopenhauer. Je ne suis pas le seul, j'ai, dans cette lignée, de prestigieux aînés, Maupassant, Conrad, Thomas Mann, par exemple. Et Cioran, auquel je reproche pourtant de n'avoir jamais cité Schopenhauer. Je sais que mon côté négatif déplaît, tout particulièrement aux femmes. Elles ont du mal avec ce négatif.

Quand j'ai écrit Extension du domaine de la lutte, mon premier roman, je pensais vraiment que mon livre allait changer le monde. Une idée que j'ai évidemment abandonnée depuis. Certes, un romancier a nécessairement une forme de mégalomanie, que je dirais sociologique, mais là c'était plus profond, j'étais certain que mon livre allait avoir une action directe sur le réel.

Aujourd'hui, La Possibilité d'une île, c'est un peu "dernières nouvelles du chaos", avec beaucoup d'humour. On rit souvent, mais c'est inquiétant.
C'est l'histoire d'un changement. Au travers des néo-humains, il y a implicitement, de manière continue, une critique du bouddhisme. Pour en faire une véritable critique, il faudrait bien sûr tout un essai, c'est une entreprise très complexe, plus que la critique de l'islam. Moi j'ai écrit un roman. Où les néo-humains souffrent d'avoir renoncé au désir, au contact.

Cette expérience de néo-humains, au bout du compte, c'est un échec.

Pas tout à fait. L'issue du livre est assez ambiguë. Le personnage qui s'appelle Marie 23 part vers le lieu où, dit-on, subsistent des sauvages...

Qui ont gardé quelque chose d'humain. Donc elle part dans l'espoir de retrouver un peu d'humanité.
Oui. Mais Daniel 25 la suit sans y croire. On ne sait pas très bien pourquoi il part. Marie 23 lui manque, bizarrement. Et d'une certaine manière, il est content d'être dans la nature, avec son chien Fox, lointain clone du Fox de Daniel 1.

Et qui est cette Soeur Suprême, ce bizarre principe supérieur, que vous faites apparaître. D'où vient-elle ?
Honnêtement, je ne sais pas, sinon que j'aime beaucoup l'association des mots : je trouvais que ça sonnait bien. C'est une destructrice, qui a refusé d'aider les humains, une sorte de divinité maléfique, mais je n'ai pas vraiment utilisé de références mythologiques pour l'imaginer. Ou il s'agit peut-être de très vagues réminiscences, que je ne pourrais même pas citer.

Vous avez commencé en littérature en publiant des poèmes dans La Revue de Paris, que dirigeait Michel Bulteau. Et, dans ce dernier roman, vous faites assez souvent intervenir la poésie, dont vous estimez qu'elle "précède la littérature". Qu'entendez-vous par là ?
On peut considérer l'existence d'images, de sensations, de situations poétiques, qui précèdent leur expression particulière. Cela rejoint souvent des clichés, toujours mal vus. Par exemple, l'idée que la brume est poétique.

Je renverrais aux travaux de Jean Cohen, selon lesquels la poésie établit un monde où la contradiction est impossible. Dans la littérature, la poésie n'est pas seulement dans les poèmes, c'est une évidence.

Pour moi, les romans policiers d'énigme deviennent très poétiques lorsqu'ils arrivent au point où tout le monde peut être coupable, où le danger peut être partout, où la raison est radicalement désorientée. Dans La Possibilité d'une île, j'avais envie de poésie sous sa forme codée, classique. De poèmes.

Et vous avez voulu rendre hommage à Baudelaire.
Lorsque je me sens à mon meilleur, que je suis vraiment fier de moi, je m'autorise à citer un poème de Baudelaire. Pour moi, ça reste le plus grand des poètes, et donc le plus grand des écrivains ; parce que je continue à penser que la poésie est le genre suprême, esthétiquement.

Mais, du point de vue de la vérité, la supériorité revient à la science.
J'en suis désolé. Je suis désolé aussi pour Schopenhauer, que j'admire, mais c'est la science qui dit la vérité. Point.

Si vous ne pensez pas que la littérature dise la vérité du monde, que faites-vous donc à écrire des romans au lieu d'être dans un laboratoire à chercher la vérité ?
Euh... je crois qu'on finit toujours par faire ce pour quoi on est le plus doué. Mais l'art, selon moi, n'atteint pas la vérité. Il cherche à donner une vision esthétique de la vie. Il se peut que je trouve ça assez triste, mais c'est ainsi.

On vous fait beaucoup de reproches, souvent contradictoires. D'être fasciste. Ou bien stalinien. Ou encore raciste, islamophobe, etc. Maintenant, on va vous reprocher de faire l'apologie du clonage, et de vouloir être cloné. Ce qu'on vous reproche profondément, n'est-ce pas de montrer le monde tel que vous le voyez devenir, sans critiquer cet état de fait, sans appeler à le changer, sans proposer de résister ?
Sûrement. On me reproche de montrer, en détail, ce qu'est l'humanité moyenne. Et d'être certain, comme je le disais au début de notre entretien, que tout ce qui est techniquement possible sera entrepris, même si ce n'est pas vraiment humain. Le clonage aura lieu.

Etre cloné, moi ? Je ne sais pas si j'en ai tellement envie. Peut-être. Toutefois, je n'aimerais pas voir mon clone. Il faudrait que je meure au moment de son avènement. Mais, profondément, je pense que tout cela est irréversible. Et qu'il est inimaginable que cela ne produise pas non seulement des états dépressifs, mais de terribles névroses. Dont certains n'aiment pas que je fasse le constat.
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MessageSujet: Re: Houellebecq   Houellebecq EmptyLun 22 Aoû - 21:49

"C'est la science qui dit la vérité. Point."

Je trouve que c'est assez discutable.
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MessageSujet: Re: Houellebecq   Houellebecq EmptyLun 22 Aoû - 22:10

alejandro a écrit:
"C'est la science qui dit la vérité. Point."

Je trouve que c'est assez discutable.

Bon sujet de roman : la science qui ment…
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MessageSujet: Re: Houellebecq   Houellebecq EmptyLun 22 Aoû - 22:15

je n'ai pas dit ça non plus.
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MessageSujet: Re: Houellebecq   Houellebecq EmptyLun 22 Aoû - 22:21

alejandro a écrit:
je n'ai pas dit ça non plus.

Tu es d'une prudence de fonctionnaire !
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MessageSujet: Re: Houellebecq   Houellebecq EmptyLun 22 Aoû - 22:39

étant donné qu'on peut considérer la science (tellle qu'on l'entend aujourd'hui) comme une analyse indéfinie de la matière, on ne connaîtra probablement jamais la vérité dont il s'agit dans son intégralité.
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MessageSujet: Re: Houellebecq   Houellebecq EmptyMar 23 Aoû - 0:47

Fulmi a écrit:
alejandro a écrit:
je n'ai pas dit ça non plus.

Tu es d'une prudence de fonctionnaire !

Toute scientifique, mon cher, toute scientifique.
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MessageSujet: Re: Houellebecq   Houellebecq EmptyMer 24 Aoû - 13:37

L'avis très intéressant d'un libraire, dans la tribune d'opinions rebonds, de Libé, ce matin :

Houellebecq, le tsunami annoncé
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L'écrivain revient avec «la Possibilité d'une île» que quasiment personne n'a lue mais dont tout le monde parle.

Par Lilian MASSOULIER

Libraire à Toulouse.

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mercredi 24 août 2005
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l'exilé andalou, qu'on prit un temps pour un gaullien parti bouder en Irlande, est de retour dans quelques jours avec son nouveau roman, que «personne n'est censé avoir lu». Pas de service de presse pour les libraires, pas plus pour les journalistes, jusqu'à récemment du moins.

Parce qu'il y a peu, donc, certains critiques, triés sur le volet de l'admiration sans fard qu'ils vouent au Michel, ont pu se délecter en avant première des pages de la Possibilité d'une île, le tsunami attendu de cette rentrée littéraire.

Rentrée littéraire ? Vous savez, ces quelques semaines, deux ou trois, entre fin août et début septembre, où une avalanche de romans mal ou vite ou peu ou parfois, mais rarement, très bien écrits viennent encombrer en pile les librairies et autres grandes surfaces vendeuses de culture.

Donc, il y a quelques jours, certains ont eu droit à la primeur. Ils n'en diront rien, promis juré, jusqu'à l'officiel lancement de la bête, mais bon les fuites abondent. Science fiction, clonage, religion et tutti quanti sont au menu de cet opus houellebecquien. En attendant de juger sur pièce, on ne peut que hausser une épaule, voire les deux, sans plus se prononcer.

Ceux qui se prononcent le plus d'ailleurs ne sont pas ceux qui l'ont lu mais ceux qui ne l'ont pas lu, ceux qui ne font pas partie de la cour choisie par Fayard. Ceux-là sont furax, à l'image de l'académicien du Figaro, Angelo Rinaldi, qui manifestement n'a pas digéré de n'avoir pas été élu. Très remonté, il s'est fendu d'un billet relatant sa découverte fortuite de l'objet du délit, ce roman défendu, sur un banc public dans un parc du IIIe arrondissement. Surpris, il l'a lu, n'a pas aimé, mais alors pas du tout, mais n'est pas le seul, puisque, nous dit-il, le précédent propriétaire du livre s'était en page de garde fendu d'une note de lecture disant qu'il n'avait «pas du tout aimé», voire «rien compris». Rinaldi nous prend là à témoin : ce n'est pas du haut de son académisme rigide qu'il a rejeté Houellebecq, puisqu'un quidam (suffisamment placé quand même pour s'être procuré un exemplaire du roman) lambda n'a pas non plus goûté aux charmes prétendument irrésistibles de la prose du jojotant Houellebecq.

On lit le billet d'humeur, et on imagine Rinaldi venant raconter sa découverte inopinée chez Ardisson, tel Paco Rabane décrivant par le menu comment il avait, étant jeune, «fait l'amour avec la terre». Rinaldi, illuminé ! Faut-il donc qu'il soit mal à l'aise avec l'auteur Houellebecq pour inventer de telles inepties, pour ainsi céder à l'enfantillage puéril, quand il s'agissait juste de passer outre, ou d'expliquer plus simplement pourquoi il n'aimerait de toute façon pas le nouveau Houellebecq, quel que fut son contenu.

Car enfin, de quoi s'agit-il là ? D'une déception amoureuse ?

On dirait, oui, Rinaldi l'éconduit qui fait la tronche au grantécrivain surestimé, peut-être. Rinaldi jaloux de ses confrères mieux placés à gauche de ce seigneur des lettres de pacotille.

Faut-il donc en tout cas que Houellebecq soit un auteur clé, quoi qu'on en pense, pour susciter ainsi tant de débat.

Et justement c'est le fait même qu'il y ait débat qui place à part ce pessimiste ronchon, sans doute bien plus réaliste que l'ensemble de ses confrères, moins agité que certains ultras mais plus profond que beaucoup de faux légers penseurs.

Houellebecq revient, et tout s'affole, biographie élogieuse d'Arrabal par ici, pamphlet hargneux et partiellement injuste de l'autre, l'homme ne laisse pas indifférent, depuis Plateforme. L'homme n'est pas descendu, en dépit de son long silence, en dépit de son éloignement, n'est pas descendu du piédestal à la fois fragile et massif sur lequel l'époque l'a placé, cette époque même qu'il fustige si durement dans ses romans, non sans humour pourtant, non sans finesse, n'en déplaise à certains.

Si Houellebecq était une émission télé, ce serait donc un mélange d'Ardisson et de Fogiel, un mélange de déballage et d'information, de show-biz et de réalité, un arrangement iconoclaste avec la mort, la vie, et rien de tout cela aussi, tout ce qui ne compte pas, tout ce qui n'est rien, des mots, du bavardage, du creux, du vide. Houellebecq est tout cela dans ses livres, en tout cas. Il est tout cela, mais c'est déjà énorme, c'est déjà tout un pan de réalité, aujourd'hui, maintenant, tout un pan de médiocrité et de désespoir, de déchéance même parfois, quand tout peut paraître, à la lecture de certaines informations, juste dégueulasse et laid.

Mais s'il est un mélange de tout ça, une sorte de kaléidoscope, c'est par sa dimension poétique, surtout. Parce que c'est là, par un certain élan poétique, qu'il sublime ce chaos, ce cloaque, qu'il parvient à une incontestable justesse.

Angelo Rinaldi et d'autres pensent qu'il n'y a «rien» dans Houellebecq, sa vie, son oeuvre. Rien. Admettons. Mais ce rien est déjà bien plus, existe davantage que les trois quarts de ce qu'on appelle la littérature française, amidonnée de conservatisme, frileuse et de plus en plus introspective, qui plutôt que de s'ouvrir aux autres, aux vides, aux pleins, aux déliés, se focalise sur de pathétiques quêtes qui ne concernent que leurs auteurs et leurs familles.

Houellebecq, déjà, et ce n'est pas rien, n'écrit pas sur lui-même. Il n'écrit pas pour lui-même.

Il souffre ses romans.

Ça n'en fait pas le plus grantécrivain de ces soixante dernières années, mais ça lui permet de dominer, de la tête et des épaules, toutes ces mêlées écroulées à force d'être trop voûtées, qui gaspillent des notes de restaurants pour un prix, un bandeau, quelques centaines de milliers d'exemplaires.

Michel Houellebecq, moins lu que Marc Lévy, qu'Amélie Nothomb, mais attendu en France, en Allemagne, en Angleterre, comme le loup blanc, va-t-il tout engloutir avec sa Possibilité d'une île ?

Les alarmes retentissent déjà, certains tirent la tronche, d'autres se frottent les mains, on n'avait pas connu ça depuis le retour de Zidane ?
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MessageSujet: Re: Houellebecq   Houellebecq EmptyMer 24 Aoû - 15:45

déprimant
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MessageSujet: Re: Houellebecq   Houellebecq EmptyMer 24 Aoû - 18:05

ours impatient a écrit:
déprimant


Pourquoi? Peux-tu précisément préciser ta pensée?
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MessageSujet: Re: Houellebecq   Houellebecq EmptyMer 24 Aoû - 18:10

ça m'déprime de constater la vanité de toutes ces choses auxquelles on a tous eu, un jour, la faiblesse de croire
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MessageSujet: Re: Houellebecq   Houellebecq EmptyMer 24 Aoû - 19:40

ours impatient a écrit:
ça m'déprime de constater la vanité de toutes ces choses auxquelles on a tous eu, un jour, la faiblesse de croire


Faut pas. Au bout du compte ça peut devenir de la néolittérature.
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MessageSujet: Re: Houellebecq   Houellebecq EmptyMer 24 Aoû - 19:41

et alors ?
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MessageSujet: Re: Houellebecq   Houellebecq EmptyMer 24 Aoû - 19:44

ours impatient a écrit:
et alors ?


Ben ça relance le marché.
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MessageSujet: Re: Houellebecq   Houellebecq EmptyMer 24 Aoû - 19:49

et alors ?
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MessageSujet: Re: Houellebecq   Houellebecq EmptyMer 24 Aoû - 19:52

ours impatient a écrit:
et alors ?


Ben ça engraisse certaines maisons d'édition, ça fait vendre le pamphlet d'Eric Naulleau plein pot, ça galvanise les fans de Houellbecq, ça déprime ceux qui ont cru dans la vanité des choses et ça fait causer Fulmi. cool
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MessageSujet: Re: Houellebecq   Houellebecq EmptyMer 24 Aoû - 20:02

Dona a écrit:
ours impatient a écrit:
et alors ?


Ben ça engraisse certaines maisons d'édition, ça fait vendre le pamphlet d'Eric Naulleau plein pot, …

Justement, faut que j'en cause, de çui-ci. Il m'a déçu, Naulleau. Je l'ai lu hier. Il tombe dans la facilité, trouvé-je, mais c'est vrai que Houellebecq est difficile à attaquer…
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