Bonsoir, vous ne me connaissez pas et moi je vous connais un petit peu, à votre insu, puisqu'il m'arrive de suivre certains de vos échanges.
Comme quelques uns d'entre vous semblent maîtriser très bien la langue française et ses méandres, je viens vous mandez conseil, pour le texte suivant, qui n'est certes pas vraiment abouti ni construit mais représentatif de ce que j'écris habituellement et c'est au niveau du "style" que j'ai besoin de vos conseils et commentaires.
Quelles constructions de phrases ne vont pas (et quelles autres employer qui conserveraient néanmoins les mêmes impressions, mouvements) ? La ponctuation, aussi, me laisse souvent dubitative.
Qu'est-ce qui est trop, qu'est-ce qui n'est pas assez ? Enfin tout ça tout ça et même d'autres choses.
Voilà, ne vous retenez pas, mon but étant de progresser, merci d'avance à ceux qui daigneront...
Le texte :
Je me balade, circonvolutionnelle, à la recherche d'un avenir possible. Je rencontre un type qui balaye la savane africaine.
Je lui dis : "Salut, c'est quoi vot'métier ?"
Il me dit : "Salut, je suis polisseur de surfaces."
Je me dis : non, ce n'est pas une activité très intéressante, je vais trouver autre chose. Je continue et un peu plus loin je vois un lion, le museau rougi par les entrailles d'un zèbre.
Je lui dis : "Salut, c'est quoi ton métier ?"
Il me dit : "Découvreur de surfaces."
Je me dis : ça ne veut rien dire, les lions ne doivent pas penser comme les humains. Non loin se dresse une tour, pour y voir j'y vais. A l'intérieur, il y a un vieux monsieur tout froissé qui a une barbe de cent-cinquante années de longueur, au milieu de tout un tas d'appareils de mesure.
Cette fois je crois avoir deviné, je dis : "Moi aussi, je veux être chercheuse de secrets, apprenez-moi."
Il me dit qu'il n'est pas chercheur de secrets mais faiseur de surfaces.
Je dis : "Non, vous découvrez le secret des étoiles, le fonctionnement au coeur de toutes les choses, la cause de tous les phénomènes."
Alors il me montre sa bibliothèque, avec des centaines de livres qu'il a lui-même écrits : des livres cartographiant la voûte stellaire, des milliers de dessins de mécanismes, l'anatomie d'un lion, et des signes qui s'étalent et qui courent sur les pages, des milliers de pages, des pages rectangulaires, des surfaces... un créateur de surfaces. Par la fenêtre de la tour je regarde le soleil s'égorger sur le désert et je me demande où est enfoui le secret qui fait rayonner toutes choses en silence , je veux le tenir chaud et palpitant et dégoulinant dans mes mains.
Je suis un lion et je cours. Mes griffes balafrent et pénètrent le cuir tiède de l'oryx où s'enclot la vie. Et je l'éventre et l'intérieur devient extérieur, les tripes, les boyaux deviennent surface, chaude et humide et palpitante, mais surface. Et je mords et réduis et digère et résorbe jusqu'à la plus petite particule de chair impudique.
Je suis polisseur de surfaces et je nettoie tout pour que les surfaces brillent, puisqu'il n'y a que ça, autant que ça brille. Le miroir brille qui a tant été poli et je vois le moi du miroir et je vois reflété ce qu'il y a derrière moi et que mes yeux ne peuvent pas voir directement. Mais je ne vois pas ce qu'il y a derrière le miroir ni dedans, je suis condamnée à ausculter la surface réfléchissante. Je le brise et une multitude de petits moi gisent en mosaïque sur le plancher. Je retourne chaque petit bout, pour qu'il cesse de me regarder, un par un, les dizaines d'éclats de moi. Mais alors si je ne les vois plus, où sont-ils passés ? Il faut réduire en poudre les éclats, et je frappe et je frappe et je pulvérise et alors où sont partis les petits moi narquois ? Dans le plancher peut-être ? Il faut frapper encore ? Je frappe et je frappe et baramine et tout s'écroule et je tombe, je tombe, je tombe, mais dans ces cas-là il y a toujours une branche. La branche me stoppe par le milieu du ventre mais du côté de ma tête et du côté de mes jambes mon corps qui n'est que surface extensible extensible continue de tomber de s'étendre de s'étirer, encore, encore, les particules s'alignent derrière les particules et je suis désormais une demie-droite dont une partie s'étend vers l'infini.
Je mange une pastèque. J'en prends un bout dans ma main et tente de le réduire à sa matière sèche, les structures de sa chair fondent et le morceau devient toujours plus petit entre mes doigts. Puis doucement le secret de la pastèque s'évide vers le néant, il n'y a plus rien qu'un pour cent de matière sèche où il est douteux que puisse tenir le secret de la pastèque. Mais si j'avais les outils je pourrais encore diviser et réduire et réduire encore ce qu'il reste, toujours creuser pour transformer les intérieurs en surface.
Hélas !