Dans cette chambre, au papier peint de coquillages.
Sur le sol traîne une jupe à l'odeur sauvage.
Au long des plages lointaines de son enfance,
Fasseyaient à l'infini les focs des pinasses.
Au plafond est pendu un lustre solennel.
Du creux de ses chairs, jaillissent des souvenirs
Au coeur de l'été, un soleil gorgé de rires,
Eclaboussait sa peau, d'une odeur de canelle.
Dans l'armoire sont pliés des draps immaculés.
Le premier soir, elle ne se fera enculer.
Jadis, elle aimait se déguiser en princesse,
Au grenier où son cousin reniflait ses fesses.
Dans la cuisine, l'homme s'essuie les moustaches
Ruisselantes d'une sauce épaisse au madère,
Il a la nostalgie des fourneaux de sa mère.
En réconfort, il se verse un verre de grenache.
Elle entend son pas lourd. Du fond de ses entrailles
Remontent des bouffées de peurs et de furies,
Des images de dentelles et de barbarie.
Elle est culbutée, des mains s'agrippent à sa taille.
L'étreinte sera brève, molle et pathétique.
A ses rèves perdus, elle s'en retournera.
Pourtant, un enfant naîtra de cet amour là,
Le même jour que la cinquième république.