Que lisez-vous en avril?

Je relis , trois ans après ma première lecture, un livre qui m'avait profondément marquée et dont j'ai déjà parlé:"La Supplication" de Svetlana Alexievitch ...
Il est de ces livres dont on voudrait que personne ne passe à côté...
Le sujet? Tchernobyl...Mais pas les chiffres, les choses savantes et techniques dont on nous a déjà parlé...
Il serait plus juste de dire que le sujet de "La supplication" ce sont les survivants de la catastrophe auxquels Svetlana Alexievitch donne la parole...Une série de témoignages bouleversants et variés qui révèlent , selon les uns et les autres toutes les formes que prennent les conséquences du drame (ce drame qui a eu lieu il y aura déjà 20 ans l'année prochaine!): les injustices, les mensonges, les rumeurs, les questionnements, la naïveté, les peurs, la désinformation...et l'amour aussi... et donner la vie après Tchernobyl...

"Houellebecq, en fait", de Dominique Noguez, une évocation chronologique de la carrière de Houellebecq et l'amitié entre l'auteur et lui.

Intéressant, sans être, loin de là, indispensable.

Marie Cardinale, Les mots pour le dire . Je n'avais pas réussi à le lire à sa sortie; j'étais alors adolescente et avais été choquée par le début .Aujourd'hui, c'est bien différent et, si le début est toujours difficile parce qu'on reçoit de plein fouet la souffrance de cette femme , le récit de cette psychanalyse, écrit simplement et avec hônneteté, est tout simplement prenant .

isis a écrit:

Marie Cardinale, Les mots pour le dire .

Je l'ai lu il y a très longtemps, et pas pour le plaisir. Pour comprendre. Et plusieurs fois. Par nécessité.
Très prenant, oui.

J'en ai retiré une conclusion de taille : on peut se sortir de ses propres prisons, un jour ou l'autre, avec du temps, de la patience et du courage.

Avec de l'aide, aussi, parce que tout seul...

Oui, absolument. Et pas n'importe laquelle... (et surtout les yeux bien ouverts, quelles que soient les choses que l'on s'apprête à voir... les regarder bien en face)

Clair Obscur a écrit:

isis a écrit:

Marie Cardinale, Les mots pour le dire .

Je l'ai lu il y a très longtemps, et pas pour le plaisir. Pour comprendre. Et plusieurs fois. Par nécessité.
Très prenant, oui.

J'en ai retiré une conclusion de taille : on peut se sortir de ses propres prisons, un jour ou l'autre, avec du temps, de la patience et du courage.

Ca avait fait un choc en son temps, cette autobiographie. Que de sang je me souviens...Les séances de psy, les règles, le rapport à la féminité, la destruction de la personnalité...Puissant écrit.

Heu, je vais faire mon inculte (défaut congénital : blondasserie ), mais de quoi parle ce livre de Marie Cardinale ?

Merci

C'est l'histoire d'une femme au bord d la folie et du suicide qui confie, un jour, sa vie, entre les mains d'un psychanalyste. Et remonte le fil de son mal. Les mots pour le dire désigne le fait que cet écrit intime et donc autobiographique soit sincère, jusqu'auboutiste employant des mots tabous et ne faisant aucune concession entre l'expression de la souffrance, la violence à le vivre et à le dire et le lecteur. Tout y passe: le divorce des parents, la mort du père, les traumatismes de la sexualité infantile, l'adolescence dans l'Algérie en guerre et puis, à l'origine du mal, le refoulement de l'aveu d'une mère.
Parcours du combattant donc...C'est empli de cris, de pleurs, d'angoisses puissantes. A éviter parfois. Mais c'est un récit impressionnant.

J'ajouterais un détail de taille.
Il s'agit aussi du lien entre une grande souffrance de l'être dûe à l'héritage qu'on peut tous recevoir de nos parents, depuis notre enfance, et qui se traduit par des symptômes physiques graves.
Cette femme perd constamment son sang, des règles anarchiques et impressionnantes, et personne ne peut jamais la soigner.
Et pour cause. Longtemps, le lien entre la tête et le corps n'a pas été reconnu.

On sait maintenant que les allergies et plein de manifestations du corps sont dues à un mal être intérieur, et que ça se résorbe lorsqu'on parvient enfin à se guérir de ses blessures.

Un bouquin qui m'a beaucoup aidée.

Dona a écrit:

Ca avait fait un choc en son temps, cette autobiographie. Que de sang je me souviens...Les séances de psy, les règles, le rapport à la féminité, la destruction de la personnalité...Puissant écrit.

En effet, je me rends compte maintenant que si choc il y a eu pour moi adolescente , il a du choquer aussi bon nombre de personnes . On ne parlait pas ainsi, en ce temps pourtant pas si lointain, de sa souffrance, de son son intimité, de son corps, on n'écoutait pas son passé, ses ressentis ...et la psychanalyse, c'était pour "les fous "!

En tout cas, beau récit .

Je l'ai dans mes rayons de bibliothèque...Vous me donnez envie de le relire...

Bidouille a écrit:

... vive le Pape !

Dieu nous en garde.

Bidouille a écrit:

Je viens de lire "Court serpent" de Bernard du Boucheron.

Je viens de finir de le lire il y a peu. C'est extraordinaire de... de... comment dire, de dégueulasserie. Toute une époque résumée en un long voyage terrifiant. Tout y est violence, mais pas de celle apparemment de l'auteur du livre lu par Isis. Chez De Boucheron, c'est la violence des esprits, des pensées tout d'abord, puis celle de la nature, de la vie et de la mort, surtout de la mort ce qui est assez curieux si l'on considère que la mort c'est l'inertie, mais bon... C'est la violence des hommes, de l'aveuglement par la croyance. Cette lecture me laisse une trace, comme une odeur de corps en décomposition.

Anti, toujours dans l'actualité.

Parallèlement aux Particules élémentaires que je termine à l'étage, j'ai commencé au rez-de-chaussée une curiosité piochée sur la table des inconnus, chez Gibert. Je mets le titre en gros car il est beau :



C'est divinement écrit. J'ai même souvent l'impression de me lire, c'est dire… Il est rare que je n'aie pas envie de réécrire un livre ; et c'est le cas.

Le thème est proche de celui de Chantiers de Papiers : un prof devient prof, puis se révolte. C'est ce que dit la quat' de couv', je ne suis qu'à l'agreg.

Les chapitres portent des titres évocateurs :
- L'archipel de l'agreg,
- L'éternel retour de septembre,
- Conseils d'amis,
- Le cahier de Tristeville,
- La réunion du boudin antillais.

On l'a compris, l'auteur est un monsieur cultivé.

Un peu houellebecquien, très soigné, d'une facture irréprochable, c'est aussi un très beau livre, à mettre au premier rang de la bibliothèque.

© 2005, Éditions Aden, 21 eurots, http://www.editionsaden.com

Je viens de terminer Nos amis les hommes, de Maïa Mazaurette, Éd. Florent Massot. C'est un non-livre qui narre les mésaventures plumardières d'une jeune femme au lit. Elle tente de se faire passer pour une fine mouche, vachement sympa, sexy et tout, mais elle est finalement assez cruche et tombe toujours sur des amants à la mord-moi-le-nœud.

C'est marrant, sans plus, une lecture sans douleur. Du haut de ses 25 ans, Maïa Mazaurette méprise les vieux, et se retrouve à tout coup avec des coups foireux. Elle est rarement menée au septième ciel à répétitions. Tant pis pour elle. C'était mon livre de w.c. J'ai bien aimé.
Le blog de Maïa Mazaurette, aujourd'hui fermé, était connu et sympa.
http://www.20six.fr/maia

Qu'est-ce qu'un "non-livre" ?

Sinon, je bloque sur "Moi et mon double" de Gombrowicz, pour une raison franchement tartignolle : le papier-bible Quarto Gallimard. J'ai l'impression que ce livre ne veut pas de moi

Je viens de finir "L'eau et les rêves" de Bachelard, passionnant. Décidemment je ne regrette pas d'avoir quittée la psycho pour me plonger dans la philo.

Mawie a écrit:

Qu'est-ce qu'un "non-livre" ?

C'est un objet qui ressemble à un livre, avec des pages de papier imprimées de mots, et collées par un côté, dans une couverture, et qu'on vend en librairie, mais dont le contenu n'est pas vraiment digne de l'appellation "livre".

Le journal de Bridget Jones, par exemple, est un non-livre très connu. Warm up, de Benédicte Martin, aussi et un non-livre. Les aventures de l'accro du shopping, qu'on trouve partout, idem. Le dernier Beigbeder est un non-livre.

Les non-livres, en général, surfent sur l'air du temps, mais oublient d'être « écrits ». Les non-livres sont l'avenir du livre, sans aucun doute.

Entièrement d'accord avec toi...

Mais z'alors, ceux qui lisent des non-livres sont des non-quoi ?

Et qui décide quels ouvrages seront livres ou non-livres ?

Que lisez-vous en avril? Eh bien je ne sais vraiment pas.

J'ai une pile toute faite qui ne me revient pourtant pas.

Je pourrais lire Trame d'enfance de Christa Wolf (fille de nazi) oui mais, c'est un pavé de 620 pages sans dialogue; ou bien Mécomptes de fées de Pratchett mais après avoir entamé les dix pages du début, j'ai jugé le ton fantaisiste et présentant peu d'intérêt (je me trompe hein peut-être); sinon j'ai aussi le Shôdôka commenté par le maître zen Sawaki oui mais, j'en ai bouffé du zen ces temps-ci, je n'ai pas envie de poursuivre tout de suite; alors les Tragédies complètes d'Euripide tome I en 700 pages oui mais, faut avoir un but dans la vie pour ça;
je pourrai me rabattre sur Le Joueur de Dostoïesky (il est court et le sujet est plaisant) oui mais j'ai déjà commencé le Souvenir de la maison des morts du même et que je peine terriblement à m'emplir du malheur des autres quand j'ai déjà le mien; alors il va de soi que l'essai, La Parole et la beauté (de la Bibliothèque de l'Evolution de l'Humanité) qui -s'interroge sur la notion de beauté aujourd'hui et qui implique que l'on se tourne vers les Anciens afin de mesurer l'héritage et l'unicité de la culture occidentale, issue de la pensée de Cicéron...- oui mais, rien que le résumé est trop compliqué; donc il me reste La Chute de Camus oui mais, c'est un ouvrage recommandé pour le bac dont l'édition regorge de commentaires universitaires; évidemment je pourrai lire L'Inconnu personnel de Fernando Pessoa oui mais, les pages ne sont pas coupées et je n'ai pas de coupe-papier; bien sûr je pourrai tout à loisir et avec coeur lire Les Chantiers de papier de Fulmi, oui mais, c'est une lecture très officielle pour moi, nécessitant une grande application et justement je pars en vacances...

Mais que pourrai-je donc lire?

Ca c'est des semaines à piquer tous les Biba d'Hermes ...

br a écrit:

Et qui décide quels ouvrages seront livres ou non-livres ?

Moi.