Lectures publiques

coline a écrit:

Plus risqué...Aucun secours des gestes, des mouvements, des déplacements, des expressions du visage...Rien que le texte...et notre voix...

Le principe de la nudité sur scène.
C'est pourquoi je ne supporte pas le micro. Il empêche d'aller au bout.

En gros, je préfère l'imperfection (avouée, mise à nu) de l'humain-comédien, plutôt que l'utilisation d'un subterfuge (sur le plan théâtral, j'aime les changements à vue)

Clair Obscur a écrit:

C'est pourquoi je ne supporte pas le micro. Il empêche d'aller au bout.

Avec les p'tits acteurs de cinéma d'aujourd'hui, il faut un micro. On chante même l'opéra avec un micro dans la perruque, maintenant, alors…

J'ai retrouvé ceci dans ma mémoire. Les tarentules, je crois que c'et de Marcel Béalu, mais j'ai oublié de noter. Ça vient de France-Cul. On sent beaucoup le micro (c'était l'époque Laure Adler), mais le texte est magnifique.

Les tarentules sont les fonctionnaires… à ce que je me souviens de ce que disait l'auteur…

http://fr.martini.free.fr/tarentules.mp3

L'opéra avec micro ? mince alors ! Quel dommage !
N'est-ce pas décevant ?

Les tarentules, chouette texte. :thumright:

Clair Obscur a écrit:

L'opéra avec micro ? mince alors ! Quel dommage !
N'est-ce pas décevant ?

Ce sont les chanteurs d'aujourd'hui, qui sautent d'un avion à l'autre, qui sont souvent décevants. les micros ne font que pallier leurs insuffisances. C'est très bien fait et il faut s'y connaître pour déceler l'imposture. Après on m'accuse de tout dénigrer, mais j'ai l'habitude.

Franchement, encore plus que les lectures publiques, je préfère encore lorsque les beaux textes sont chantés. À titre d'exemple, la lecture de la lettre de Golaud à Pelléas par Geneviève, par Claire Croiza. La musique est on sait de qui. La prose est de Maurice Maeterlinck.
http://fr.martini.free.fr/genevieve.mp3

Je vais chercher uin extrait des Dialogues des Carmélites (Poulenc/Bernanos), ou des Mamelles de Tirésias (Poulenc/Apolinnaire), voire pire. François Villon par Debussy, c'est à s'arracher des larmes.

Il y a aussi les textes dits, avec musique en fond.
Je pense tout bêtement à Philippe Léotard, "A l'amour comme à la guerre".

Ce type a une voix peu ordinaire. C'est sa voix qui donne aux textes leur charme. J'ai lu les paroles, elles n'ont rien d'exceptionnel. Les textes me semblent très peu travaillés. Les mots ne prennent corps que grâce à la voix de Léotard et à la façon de les dire. Une voix à caractère particulier et un fond musical judicieusement choisi donnent un résultat surprenant.

S'agissant d'un cd, je sais que des moyens techniques ont été forcément employés (j'imagine casque, micro, etc... en studio). J'aurais voulu le voir sur scène. Voir comment il s'y prenait pour interpréter en public. Le cd me plaît et plus encore.

J'imagine un beau texte, une voix en conséquence et un choix judicieux de musique....

Justement, Trintignan était accompagné entre autres d'un accordéon, je n'avais jamais entendu jouer ainsi de cet instrument. Rien à voir avec les flonflons habituels, au contraire, une coulée musicale alternant entre force et douceur. Une sacrée musicienne, la fille qui jouait. Il y avait aussi une contrebasse et un saxo.

Clair Obscur a écrit:

J'aurais voulu le voir sur scène. Voir comment il s'y prenait pour interpréter en public. Le cd me plaît et plus encore.

J'imagine un beau texte, une voix en conséquence et un choix judicieux de musique....

1995.
Une petite salle.
Un homme. Seul un accordéoniste l'accompagne.

Une présence.
Une prestance.
Leotard chante ses textes
et ceux du grand Léo...
Emouvants souvenirs.

Anti, jeune fille interdite.

Haa, Leotard qui chante Ferré... *__*


Sinon, je suppose que le slam peut être considéré comme une "lecture publique".

antillaise a écrit:

Un homme. Seul un accordéoniste l'accompagne.

http://www.chansonrebelle.com/chanteurs/leotard.htm

Anti

Philippe Leotard est le fère de !

br a écrit:

Philippe Leotard est le fère de !

Ben oui mon grand ! Tu ne savais donc pas ? Comme quoi, tu vois, on peut être issu d'une même famille et avoir des ambitions bien différentes.

Anti

Super site ! Merci, Anti !

Et celui-là :
http://www.gorgone.fr/htdocs/leotard/amer.htm

antillaise a écrit:

Comme quoi, tu vois, on peut être issu d'une même famille et avoir des ambitions bien différentes.

Philippe avait d'ailleurs déclaré un jour, avec une certaine virulence, que son frère était un con. Ce qui avait été abondament repris par la presse. Il semble que François a compris le message puisqu'il a pris sa retraite très tôt.

Clair Obscur a écrit:

Super site ! Merci, Anti !

À propos, je viens de lire ton post sur Liens-Inutiles (sans doute suite à ma remarque faite ici à Coline sur le manque d'intérêt de ce fil là-bas). Comme je remarque aussi que tu as oublié de le copier ici, je le fais pour toi. Ne dis-tu pas toujours que tu adores Vocabulis ? Ne me remercie pas, c'est tout naturel.
Quoi, je fais chier ? Mais non, je rends service, c'est tout. J'suis pas hypocrite, moi, je dis ce qui est, sans chichis.

Romane, alias Clair-Obscur, a écrit:

Romane
Administrateur

Inscrit le: 01 Sep 2004
Messages: 6283
Localisation: Pyrénées Atlantiques

Posté le: Sam 28 Mai à 21:13

Dans "mon" café cabaret de prédilection... il n'est pas rare de voir des conteurs venir, lors de soirées prévues à cet effet. De même, lorsque nous y jouons (nous = plusieurs troupes faisant partie d'une association que nous avons montée), nous prévoyons toujours en fin de soirée "scène libre".

C'est un régal ! Contes pour tous les âges, avec ou sans papier sous les yeux, sans micro, entre nous, dans cette ambiance bon enfant remplie de chaleur et d'amitié.

Les conteurs alternent avec les chanteurs et les impros théâtre de fin de soirée, tout peut se dire, tout peut se faire, tout est formidable !

Ce qui me gêne chez les conteurs, ce sont ceux qui se servent d'artifices, dénaturant ainsi le principe du coin du feu d'antan, dans les fermes, les soirs d'hiver...

C'est ainsi que je n'aime pas le micro... Il déforme la voix, il rend trop et pas assez, jamais le juste milieu.
Il enlève tout côté artisanal et humain, humain avec ses défauts. Les défauts sont indispensables ; ce sont eux qui rapprochent le public de la personne en scène, qui rappellent que celui qui est sous les feux n'est pas un "faux".
Il m'arrive régulièrement d'être demandée pour ma voix.
L'an passé, j'ai présenté des extraits d'opéra, en racontant l'histoire de laquelle chaque extrait émanait. On m'a demandé de prendre un micro. Je l'ai fait, parce que je n'étais pas organisatrice, mais intervenante. Je vous assure que je ne reconnaissais pas ma voix, et que j'ai beaucoup moins de plaisir avec cet engin entre les mains....

Je posais aussi le sujet du fond musical, tel que découvert dans le superbe cd de Philippe Léotard ; une voix très particulière, un texte (s'il est de qualité, c'est parfait) et des instruments judicieusement choisis, des musiciens en nuances...

Alors là... régal... J'en redemande...

http://liensutiles.forumactif.com/sutra70968_Lectures_publiques.htm#70968

Encore une question, si tu veux bien te donner la peine de répondre : pourquoi, dans ce fil, sur Liens-Inutiles il n'y a que des modérateurs qui participent ? C'est pour faire illusion ? Vous seriez pas en train de vous la péter grave, là-bas ? Ou bien tu ne serais pas un peu faux cul, à l'occasion ?

Fulmi a écrit:

Les conteurs alternent avec les chanteurs et les impros théâtre de fin de soirée, tout peut se dire, tout peut se faire, tout est formidable !

C'est super-génial, quoi ! T'en as de la chance !

T'sais quoi, Fulmi ? autant je sais copier-coller quand il s'agit d'un texte que je souhaite poster sur plusieurs endroits pour en recueillir divers commentaires selon l'endroit, autant dans le cadre conversation, je ne prémédite rien et parle comme ça vient.
Tu sais bien que ma logique est en vrac et que c'est comme ça, je ne me referai pas à mon âge.
Y'a rien de plus intéressant ici ou ailleurs, je ne vois pas que ça apporte grand chose au débat du fil. Mon sentiment reste le même, exprimé de manière à peine différente.

Oui, de la chance, je te l'accorde. Tiens au fait, dis moi : sur Paris, ce n'est pas ce qui manque, les cafés cabarets. Tu y vas ?
C'est pas comparable avec les grandes salles de théâtre, j'aime de plus en plus cet aspect intimiste qui permet un véritable échange entre le public et ceux qui sont sur la scène.
En tout cas un lieu privilégié pour les conteurs.
Y'en a un qui vient régulièrement. Style Léo Ferré, tu vois, physiquement. Un type à la retraite. Un artiste dans l'âme, un grand enfant. Chaleureux. Il écrit des contes pour adultes, d'autres pour enfants. Il a une voix tour à tour douce et coquine. Très chouette.

Sinon, les conteurs en bibliothèque pour les enfants, c'est fréquent. Je l'ai fait au Printemps des Poètes, c'est très marrant, les enfants sont réceptifs et participent volontiers. Ils ont cette fraîcheur naturelle et spontanée qu'il faut titiller chez les adultes.

Et puis nous, parents, avons été conteurs pour nos enfants quand ils étaient petits.
J'ai une anecdote à ce sujet.

Je lisais ou inventais des histoires pour mes gosses, tous les soirs. Un jour, j'ai ouvert un de ses bouquins à images, de ceux qui n'ont que quelques lignes sous l'image.
J'ai lu l'histoire en rajoutant un tas de choses à ma manière, de telle sorte qu'elle est devenue vivante, emplie de bouts de chansons, d'exclamations, bref, j'ai brodé autour.
Il a tellement aimé qu'il me l'a redemandée chaque jour, au point que j'ai fini par connaître par coeur mes interventions personnelles.... et lui aussi.
Un jour, sa maîtresse de maternelle me dit : "figurez-vous que votre fils nous a raconté une histoire... c'était si vivant, si accrocheur, que tous ses camarades de classe se sont assis en rond autour de lui pour l'écouter..."
Il avait 4 ans. Il a presque 20 ans aujourd'hui. Il s'en souvient encore. J'aime ces petits bouts de souvenirs tissés coeur à coeur, indélébiles.

Clair Obscur a écrit:

Il avait 4 ans. Il a presque 20 ans aujourd'hui. Il s'en souvient encore.

Il se souvient de ses 4 ans ? L'a une mémoire d'éléphant dis-donc. Je croyais que le docteur Sigmund avait démontré que les gosses "refoulaient" la période allant de 0 à 5 ans.

Mais bon, le docteur Sigmund, c'était un drôle d'hurluberlu, c'est vrai.

Eh bien tu peux téléphoner au docteur machin et lui dire que tu connais un spécimen qui peut remonter dans sa mémoire jusqu'à l'âge de 1 an 1/2. J'ai raconté à ma mère des images qui remontent à cette époque.
Mais c'est un peu particulier.
Tout dépend de ce qui a marqué l'enfance et comment...

Côté obscur a écrit:

Il se souvient de ses 4 ans ? L'a une mémoire d'éléphant dis-donc. Je croyais que le docteur Sigmund avait démontré que les gosses "refoulaient" la période allant de 0 à 5 ans.

Tu croyais, tu croyais, donc tu ne sais pas. L'étudiante en psychologie que je fus n'a jamais ouïe dire pareille inepsie.

Anti

J'ajoute que dans l'excellente série documentaire qui existe sur Françoise Dolto : "Tu as choisi de naître", "Parler vrai" et "N'ayez pas peur", elle aborde la question de la précocité en citant l'incroyable cas d'un enfant qui se souvient d'une scène s'étant passée au dessus de son berceau de nouveau né. Où commence la précocité ? Où commencent les souvenirs ? On ne sait pas. D'autre part, le refoulé n'est pas l'oubli en tant que tel. Le refoulé est présent mais inconscient. C'est bien là que réside le fait qu'il peut revenir dans le conscient.

Côté obscur a écrit:

Il se souvient de ses 4 ans ? L'a une mémoire d'éléphant dis-donc. Je croyais que le docteur Sigmund avait démontré que les gosses "refoulaient" la période allant de 0 à 5 ans.

Tu croyais, tu croyais, donc tu ne sais pas. L'étudiante en psychologie que je fus n'a jamais ouïe dire pareille inepsie.

Anti[/quote]

Je n'osais intervenir ce n'était pas le sujet du fil. Mais il me semble qu'à partir de 4 ans il existe assez de conscience pour avoir des souvenirs. J'en ai à la pelle. Mes enfants en ont aussi bien plus jeunes. Ce sont des flashes, des images ancrées. J'ai étonné ma mère en lui dessinant à l'âge adulte le plan d'une maisons que nous avons habité alors que j'avais de 2 à 3 ans 1/2.
Et j'ai vécu en rêve, à la quarantaine deux souvenirs datant de ma très petite enfance m'expliquant pourquoi une certaine aversion pour une association de couleur puis un dégoût. Choses que je trimballais avec moi, ayant enfoui le pourquoi très profondément.

Pimp' a écrit:

Je n'osais intervenir ce n'était pas le sujet du fil.

Ah mais ça n'est pas grave ça. Le fil n'est pas dans la bonne section non plus puisque normalement il est destiné à traiter des livres et non des lectures publiques qui relèvent du théâtre plutôt, en tous les cas du spectacle...

Anti

Mon premier souvenir, c'est un bonhomme tout noir (une créature non humaine) qui passe sa tête à travers la vitre de la caravane de mes parents, et qui avait l'air étonné que je le voie. Encore aujourd'hui, je suis persuadé que ce n'était pas une hallucination. Faut que je demande à ma mère quel âge j'avais alors (elle s'en souvient aussi, de cette trouille que j'ai eu alors). J'estime que je devais avoir 4 ou 5 ans. Mais je suis sûr d'avoir lu un bouquin de Freud où il évoque le refoulement de la période de sexualité infantile (de 0 à 5 ans). Faut que je cherche le passage dans mes bouquins, je crois que c'est dans 5 leçons sur la psychanalyse (pas sûr à 100 %). Pour revenir au sujet du fil, je n'ai jamais assisté à une lecture publique, mais j'ai beaucoup apprécié la lecture du petit prince lu par Gérard Philippe (1 euro à Auchan).

Citation :

J'estime que je devais avoir 4 ou 5 ans. Mais je suis sûr d'avoir lu un bouquin de Freud où il évoque le refoulement de la période de sexualité infantile (de 0 à 5 ans).

Peut-être qu'il a dit quelque chose à ce sujet, mais que tu n'en as retenu qu'un réducteur "un enfant n'a aucun souvenir avant cinq ans".

Oui, possible que j'ai mal compris, ou que le souvenir de ce que j'avais lu s'est déformé.

Côté obscur a écrit:

Mon premier souvenir, c'est un bonhomme tout noir (une créature non humaine) qui passe sa tête à travers la vitre de la caravane de mes parents, .

Alors pas innocents les choix de tes avatars ?

Le petit prince soulève tant d'émotions que je ne peux le lire que seule. Trop peur de craquer en public.