Ça gaze. Le livre et le pognon.

ours impatient a écrit:

nan j'trouve ça déprimant d'entendre ce genre de trucs sur les intellectuels de la part d'un prof.
Parole de dreyfusard.

Eh bien parle sérieusement. Engage une vraie réflexion et non les bobards du commerce.

Et qu'on s'y attèle, consciemment.

En bref, arrête donc ta provoc à trois sous. Et causes.

Alejandro a écrit:

Tapez votre pseudo et cochez la case correspondante.

Pseudo : Alejandro

prof
intello
artiste
nanar

Zut! je me mets où?

toi, tu t'gares là ds l'drive-in à pelloche, tu mates ton film pdt qu'tes gosses lisent des bds à l'espace cul. et qu'ta femme se tape les courses ds la superbaise à gondoles.
Bon, t'as l'droit d'becter en même temps, et même de t'branler, te plains pas, si tu cochonnes y a un truc éléphantesque pas loin pour nettoyer les traces de tes orgies, mais fatigue-toi uniqu'ment au cas où t'arriv'rais à perdre ni ta femme ni tes gosses ds l'espace cul.

Dona a écrit:

ours impatient a écrit:

nan j'trouve ça déprimant d'entendre ce genre de trucs sur les intellectuels de la part d'un prof.
Parole de dreyfusard.

Eh bien parle sérieusement. Engage une vraie réflexion et non les bobards du commerce.

Et qu'on s'y attèle, consciemment.

En bref, arrête donc ta provoc à trois sous. Et causes.

pour quoi faire ?

La force d'évocation est, indubitablement, plus parlante qu'un docte exposé sur la massification des arts.

Avec la carte Avantages Leclerc ou pas. :lol:

ours impatient a écrit:

toi, tu t'gares là ds l'drive-in à pelloche, tu mates ton film pdt qu'tes gosses lisent des bds à l'espace cul. et qu'ta femme se tape les courses ds la superbaise à gondoles.
Bon, t'as l'droit d'becter en même temps, et même de t'branler, te plains pas, si tu cochonnes y a un truc éléphantesque pas loin pour nettoyer les traces de tes orgies, mais fatigue-toi uniqu'ment au cas où t'arriv'rais à perdre ni ta femme ni tes gosses ds l'espace cul.

Dis donc, t'as, bu, t'as fumé la moquette, tu te sens mal?

Alejandro a écrit:

ours impatient a écrit:

toi, tu t'gares là ds l'drive-in à pelloche, tu mates ton film pdt qu'tes gosses lisent des bds à l'espace cul. et qu'ta femme se tape les courses ds la superbaise à gondoles.
Bon, t'as l'droit d'becter en même temps, et même de t'branler, te plains pas, si tu cochonnes y a un truc éléphantesque pas loin pour nettoyer les traces de tes orgies, mais fatigue-toi uniqu'ment au cas où t'arriv'rais à perdre ni ta femme ni tes gosses ds l'espace cul.

Dis donc, t'as, bu, t'as fumé la moquette, tu te sens mal?

ah je vois qu'ça t'fait pas fantasmer... dommage pour l'aménag'ment culturel de nos zones industrielles.

ÇA GAZE, Suite.

Amusant article de Libé quicommente les résultats du palmarès des ventes publié dans Livres-Hebdo. Livres-Hebdo est si cher que persone ne le lit. Donc :

Edition. On achève bien d'imprimer
La perle sur le gâteau

Par Edouard LAUNET

jeudi 10 février 2005 (Liberation - 06:00)


e magazine spécialisé Livres Hebdo a récemment publié son dossier sur les meilleures ventes de l'année écoulée. Ces quinze pages nourries de tableaux et de commentaires sont bien plus qu'un rendez-vous attendu par la profession : elles forment le creuset d'un authentique moment de bonheur. Car, après douze longs mois de lecture pendant lesquels nous nous sommes posé la question du quoi et parfois même du comment, apportant à ceci et à cela des réponses plus ou moins pertinentes au prix de furieux efforts, voici enfin venu l'instant épatant du combien.

Soudain, tout est simple. Titeuf ? 835 200 exemplaires. Combien de titres se sont vendus à plus de 300 000 ? Ils furent huit, dont cinq recueils de BD. Combien d'essais ou de documents à plus de 200 000 ? Aucun. Bref, toutes les questions idiotes trouvent une réponse immédiate, indiscutable. Il n'y a plus de souffrance. Ne subsistent que des chiffres, inoffensifs et tous compris entre 0 et 9 car piochés dans ce système de numération à base dix qui fait ses preuves depuis tant de siècles. Un soleil se lève qui rosit le fronton des palais : le marché triomphe.Bien sûr, il est permis de chipoter. Les tableaux mêlent des livres sortis en janvier et d'autres en novembre, des ouvrages qui ont fini leur carrière et d'autres qui la commencent. Ces classements n'ont donc pas grand sens. Est-ce si grave ? Les hit-parades sont faits pour qu'on aille y pêcher de bonnes nouvelles, et ici il y en a plein. En premier lieu, se réjouit Livres Hebdo, «les chiffres de vente des best-sellers de l'année, globalement supérieurs à ceux de 2003, semblent annoncer un raffermissement des titres à fort potentiel». Personne ne se plaindra d'un raffermissement par les temps qui courent. Et tant mieux que ce soit les best-sellers qui en profitent, car un raffermissement des bouquins à faible potentiel n'aurait qu'un impact limité sur les résultats de l'édition.

Surtout, il faut se féliciter de voir Irrésistibles bagues de perles (éd. Dessain et Tolra) se hisser jusqu'à la troisième place du classement des ouvrages pratiques, juste derrière le Guide Michelin et le Quid. Trente modèles de bagues nous sont proposés avec leur liste de fournitures, leur schéma de montage et des propositions de variantes. En sus, des conseils sont prodigués afin que nous puissions choisir les bonnes perles et ainsi goûter le plaisir de créer des bijoux uniques au gré de nos envies et de nos inspirations. Et qui trouve-t-on à la cinquième place ? Les Cakes de Sophie, aux éditions Minerva. 80 recettes de cakes pour varier les plaisirs et ne plus se cantonner au sempiternel cake aux fruits confits. Un cake, c'est supersimple à faire : il suffit de 3 oeufs, 150 g de farine, un sachet de levure et de l'huile. Manquait l'imagination de Sophie Dudemaine pour faire vraiment décoller le gâteau. 2004, année du cake et de la perle.

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Donc les best-sellers se vendent toujours mieux. Et les acheteurs sont donc de plus en plus cons.

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Trouvé chez :
http://www.linternaute.com/0redac_actu/0501-janvier/classement-auteurs.shtml
Un classement des auteurs. Sais pas ce qu'il vaut :
1
Marc Levy La Prochaine fois 1 521 000
2
Bernard Werber Nous les dieux 1 319 000
3
Amélie Nothomb Biographie de la faim 1 237 000
4
Fred Vargas Sous les vents de Neptune 1 118 000
5
Anna Gavalda Ensemble c'est tout 718 000
6
Christian Jacq Les Mystères d'Osiris 713 000
7
Eric-Emmanuel Schmitt L'Enfant de Noé 700 000
8
Jean-Christophe Grangé La Ligne noire 510 000
9
Christian Signol La Grande Ile 432 500
10
Juliette Benzoni Les Joyaux de la sorcière 420 000

Fulmi a écrit:

1
Marc Levy La Prochaine fois 1 521 000
2
Bernard Werber Nous les dieux 1 319 000
3
Amélie Nothomb Biographie de la faim 1 237 000
4
Fred Vargas Sous les vents de Neptune 1 118 000
5
Anna Gavalda Ensemble c'est tout 718 000
6
Christian Jacq Les Mystères d'Osiris 713 000
7
Eric-Emmanuel Schmitt L'Enfant de Noé 700 000
8
Jean-Christophe Grangé La Ligne noire 510 000
9
Christian Signol La Grande Ile 432 500
10
Juliette Benzoni Les Joyaux de la sorcière 420 000

C'est, en gros, les mêmes que l'année d'avant non?

Pour l'année d'avant, je ne sais pas.

Mais pour la journée de la femme, Lire honore Isabelle Lafont, découvreuse française du Code de Vinci.


Edition
Le flair d'Isabelle Lafont

8/3/2005
Lire.fr

Grâce au succès de Da Vinci Code - 1,5 million d'exemplaires vendus en France à ce jour - la directrice des éditions Lattès a vu son chiffre d'affaires augmenter de près de 300 % l'an dernier. Un véritable jackpot pour un manuscrit acheté, en octobre 2002, pour la modeste somme de 30 000 euros.

Ça gaze, l'édition.

Encore un nouvel éditeur. Il s'en crée sans arrêt, c'est bien la preuve que ça marche, non ?

Edition
Héloïse d'Ormesson dans les librairies

9/3/2005
Lire.fr

 Après vingt ans chez Bouquins (1987-1989), Flammarion (1989-1998), Denoël (1998-2004), Héloïse d'Ormesson a décidé de sauter le pas et de créer sa propre maison. Les éditions Héloïse d'Ormesson sont nées en octobre 2004, et les trois premiers livres sortiront le 24 mars prochain: Méchamment dimanche, de Pierre Pelot ; La Mémoire des os, de Clea Koff ; Discipline, d'Yves di Manno. «C'est une petite maison, pas plus de vingt livres par an, et qui veut défendre la littérature, précise Héloïse d'Ormesson. Pour nous, il s'agit de travailler vraiment en association avec les auteurs, qui, d'emblée, nous ont fait confiance, qui se sont vraiment engagés avec nous dans cette aventure.» Le premier roman du dessinateur Bernard Chenez, Le Resquilleur du Louvre, fait parti de ses futures sorties. F.M.

Croustine a écrit:

Article signé F.M. ? Il est de toi ?
Tu n'enverrais pas tes manuscrits à l'Héloîse défenderesse de la littérature ?

Non, ce n'est pas moi, l'FM de Lire.

Je ne sais pas à qui je vais envoyer quoi, pour l'instant. Ils sont décourageants, les éditeurs, je trouve.

Fulmi a écrit:

Non, ce n'est pas moi, l'FM de Lire.

L'FM de Lire, il dit que le Da Vinci Code n'est plus le top des ventes en France.

Un Dan Brown peut en cacher un autre

11/3/2005
Lire.fr

 Le best-seller de Dan Brown, publié chez Lattès, a perdu sa première place au palmarès qu'il occupait depuis 53 semaines, soit plus d'un an. Dans le nouveau palmarès, publié lundi, dans L'Express, c'est Anges et démons, le nouveau Dan Brown qui prend la tête des ventes. Da Vinci Code se retrouve à la seconde place. F.M.

Et il n'y apas des top 10 des livres intéressants, pour changer des top 10 des ventes

Croustine a écrit:

Et il n'y apas des top 10 des livres intéressants, pour changer des top 10 des ventes

Nan, y'a pas, et d'ailleurs, on a raison : les gens aiment les livres inintéressants.

« Chaque week-end, nouvelobs.com publie les meilleures ventes de livres dans plusieurs pays gros consommateurs de biens culturels
SEMAINE DU 11 MARS 2005
France
Romans
1. Anges et démons, Dan Brown
2. Da Vinci code, Dan Brown
3. Bouche Cousue, Mazarine Pingeot »

Ça gaze, ça gaze… pour certains. Je suis un peu épaté et très admiratif de l'avance consentie à Maurice Dantec par son nouvel éditeur Albin-Michel (celui qui est capable de faire un best-seller avec absolument n'importe quel genre, Nothomb (des grosses nouvelles), E.-E. Schmitt (du théâtre !), ou Werber (des délires scientifiques.))

Piqué sur Chronic'art (merci Br)

Dantec chez Albin Michel
Jeudi 24 mars 2005

Ca y est, c’est officiel : le prochain roman de Maurice G. Dantec, Cosmoc Inc., paraîtra le 25 août prochain chez Albin Michel. David Kersan, son agent littéraire, l’a annoncé au magazine Livres Hebdo sans être démenti par l’éditeur. Selon ses dires, celui-ci se serait fendu d’un à-valoir de 100 à 200 000 euros et aurait également l’intention de publier American black box (le troisième tome du Théâtre des opérations, le journal de l’écrivain, qui avait été refusé par Gallimard et avait provoqué son départ en janvier dernier) en janvier 2006. Rappelons que le 25 août sortira également chez Fayard le nouveau roman de Michel Houellebecq, La Tentation d’une île : rentrée poids lourds en perspective, donc.
http://www.chronicart.com/actu/actu_art5.php3

Puisque ce fil tourne aux best-sellers, voici une chronique que j'aime bien, de Stéphane Denis, du Figaro-Magazine d'aujourd'hui, sur l'auteur de best-sellers :


Le Best Code

DE STÉPHANE DENIS
[25 mars 2005]

J'étais invité, l'autre semaine, à rencontrer un auteur de best-sellers au Bataclan. Comme je me défilais, «vous ne parlez jamais, me dit un lecteur fidèle, des best-sellers qui pourtant devraient vous inspirer : ces millions d'exemplaires de Dan Brown, par exemple, dont l'auteur le tout premier sait qu'ils ne sont pas de la littérature mais qui rencontrent le plus large public.» Je crois que le lecteur fidèle se trompe. Les auteurs de best-sellers sont extrêmement fiers de ce qu'ils font. On imagine qu'ils ont, pour les écrivains, de la révérence et que leur plus cher désir est d'être admis dans le cercle enchanté. Amoureux des vrais écrivains, ils souffriraient secrètement que leurs livres ne soient pas lus par des gens qu'ils considèrent comme un idéal et ne reçoivent pas les lauriers de la bonne critique. Rien n'est plus faux.

Le véritable auteur de best-sellers est persuadé qu'il est un écrivain incomparable. Ne vivant souvent que pour son travail, il aligne ses phrases avec la certitude d'un talent supérieur. Des situations attendues, des répliques en carton-pâte, des clichés sentimentaux ou des personnages en bois ne lui semblent ni convenus, ni sonnant le creux, ni ridicules, ni écrits à la pioche. Tout ce qui ne va pas dans son livre plaît profondément à l'auteur de best-sellers qui aime sincèrement ce qu'il fait. Si le livre a des prétentions intellectuelles, il ne comprendra même pas qu'il ne soit pas considéré comme un chef-d'oeuvre de l'esprit, et s'il a créé une héroïne, il s'y dévouera autant que Proust à la duchesse de Guermantes. L'auteur de best-sellers a le même goût que son public et réussit quand il est le plus absorbé par sa tâche et le plus satisfait de sa production, car il éveillera exactement les mêmes sentiments chez ses lecteurs qui ne lui pardonneraient pas la moindre hypocrisie.

L'auteur de best-sellers croit vraiment que le Vatican est un repaire d'assassins. Il pense que les horizons sont infinis et les larmes amères, ou que «ma mémoire de papier» est une expression remarquable, de même que «ventrée de noisettes», «le cours des âges qui se mordent la queue» et «les mamelons très doux festonnés de rangées de vignes qui mollement se multipliaient». J'ai écouté un soir un Français qui occupait dans les années 80 une position considérable. Comme des lectrices le pressaient de livrer le sujet de son prochain roman, il répondait évasivement et cherchait de toute évidence à s'échapper. Lorsqu'il y réussit nous partîmes côte à côte. «Ces femmes, dit-il, sont terrifiantes. Elles veulent tout savoir. Comme si je le savais moi-même !» Il marchait comme une source vive et enchantée, s'étonnant de ses propres prodiges et agitant ses mains comme s'il ne pouvait admettre qu'elles donnent la vie à autant de merveilles. Il n'y avait, dans son attitude, rien d'infatué.

Voilà pourquoi le best-seller n'est pas programmable. L'éditeur doit attendre de tomber sur un auteur dont la probité ne pourra jamais être mise en doute et qui se consacrera tout entier à son oeuvre. L'auteur de best-sellers qui ne laissera pas les Illusions perdues ou Oliver Twist n'en est pas moins, quand il travaille, Balzac ou Dickens. Son histoire est idiote, ses dialogues plats, ses rebondissements attendus comme le tiers provisionnel, le public s'en moque. Il ne s'en apercevra jamais, pas davantage que celui qui lui a procuré tant de bonheur.

J'ai emprunté les citations qui précèdent à Umberto Eco, présenté par son éditeur comme un auteur de best-sellers exemplaire, ayant de nombreux lecteurs depuis des années et dans divers pays. On ne trouvera pas d'homme moins dissimulé. Ce n'est pas lui qui irait frapper à la porte des critiques attachés à la littérature. Il attend qu'ils viennent par un mouvement naturel lui rendre un hommage dont il n'a jamais douté. N'en doutons pas à notre tour : assis sur ses livres innommables, l'auteur de best-sellers est sincère et ne serait rien sans la sincérité.

http://www.lefigaro.fr/magazine/20050325.MAG0048.html

Changement de cap au ministère de la Culture : on va vulgariser. Le CNL change ses méthodes d'attribution de ses aides : fini d'aider les littératures exigeantes, on va subventionner les auteurs à succès.

Christian Jacq doit être content.

Edition
Allocation lecture

20/5/2005
Lire.fr

 Le Centre national du livre annonce une réforme de sa politique d'aides. Le CNL, qui dépend du ministère de la Culture, attribue chaque année des aides aux auteurs, traducteurs, éditeurs, bibliothèques et librairies, sous forme de bourse ou de subvention. La réforme, qui doit entrer en vigueur le 1er janvier 2006, donne la priorité «au soutien à l'écriture, à la publication et à la diffusion vers un public en quête de culture, et non à la production d'un savoir circonscrit à la recherche universitaire», comme l'indique Eric Gross, président du centre et directeur du Livre au ministère. Le CNL se dotera, à partir de juillet, d'un nouveau site Internet: www.centrenationaldulivre.fr.

C.J.

Du rififi chez les microbes.

Le publieur en ligne français Manuscrit.com (qui offre un contrat louche et des prestations médiocres) menace une association québécoise.

Le maître de Manuscrit.com, Nicolas Philippe a déjà fait le malheur d'une maison d'édition française, Le serpent à plumes. Il est fort, ce monsieur.

Technologie: Rififi autour d'un mot

Un éditeur français réclame l'exclusivité du mot «manuscrit» dans l'adresse de son site Internet

Bruno Guglielminetti
Édition du lundi 30 mai 2005

Mots clés : Québec (province), France (pays), Internet, manuscrit

À qui appartient le droit d'utiliser le mot «manuscrit» sur Internet? La question peut sembler banale, mais elle est au centre d'une controverse sur le Web francophone.

Le Devoir, quotidien de Montréal :
http://www.ledevoir.com/2005/05/30/82896.html
Nouvelles technologies
  Internet
  Les chroniques du Devoir

Un éditeur littéraire en ligne de France réclame l'utilisation exclusive du terme «manuscrit» à un autre site de littérature situé au Québec. Le dirigeant du site français Manuscrit.com, Nicolas Philippe, a contacté à deux reprises le président de la Fondation littéraire québécoise Fleur de Lys, Serge-André Guay, pour l'aviser qu'il devait cesser d'utiliser le mot «manuscrit» dans l'adresse de son site Manuscritdepot.com.

Au début du mois de mai, sous la menace d'une poursuite, le dirigeant français a demandé au responsable du site québécois de changer d'adresse Internet. Selon Nicolas Philippe, l'utilisation du mot «manuscrit» dans l'adresse du site Manuscritdepot.com crée une confusion avec le site de son entreprise qui oeuvre dans le même secteur sur Internet.

Dans une seconde missive, envoyée deux semaines plus tard, l'éditeur français déclare : «Il ne nous est pas possible de patienter plus longtemps, car nous avons constaté qu'une confusion très préjudiciable à notre activité s'était établie; nous avons déposé la marque "manuscrit.com" dès 2000, les auteurs et journalistes nous connaissent sous cette appellation, il faut vraiment que vous fassiez tout de suite les démarches nécessaires pour stopper cette situation.»

Nom de domaine disponible

De son côté, M. Guay se dit surpris, en expliquant que sa fondation sans but lucratif est le seul éditeur en ligne au Québec. Que l'organisme fonctionne, sans aucune aide gouvernementale, à l'aide uniquement des dons recueillis l'année dernière et qui s'élevaient à 40 000 $. Pas de quoi payer un salarié une fois les frais d'entretien et de production payés. La permanence est assurée par deux bénévoles depuis la création du site en juin 2003. De plus, il ajoute que le nom de domaine «manuscritdepot.co» était disponible à l'époque et que, donc, il l'utilise en toute légalité.

D'ailleurs, après une recherche rapide sur Internet, on arrive à trouver plus de 5740 pages Web qui possèdent le mot «manuscrit» dans leur adresse Web. Parmi eux, les sites Manuscrit.skynetblogs.be, Manuscrit.joueb.com et Manuscritdesames.com. Des sites qui, à première vue, n'ont pas reçu de mise en demeure de la part du p.-d. g. du site Manuscrit.com.

Au bout du compte, qui a le droit ?

Le mot «manuscrit» est un nom commun. Est-ce que quelqu'un peut s'en attribuer l'exclusivité ? J'ai posé la question à l'avocat Louis Charles Landreville, un avocat spécialisé en propriété intellectuelle et particulièrement dans le contexte d'Internet. «Avant d'exiger que le site change de nom, l'éditeur français devrait prouver qu'il détient les droits de la marque manuscrit ou "manuscrit dépôt" au Canada» précise Me Landreville.

«Et si la marque est déposée en France, ce dépôt ne protégera pas la marque de ce côté-ci de l'Atlantique.» Toujours selon Me Landreville, «l'éditeur Nicolas Philippe devra faire la preuve de la notoriété de son site et qu'il y a délit de substitution. Donc, qu'il y a un effet de confusion qui amène des internautes à visiter le site québécois ManuscritDepot.com en croyant qu'ils utilisent le service du site français Manuscrit.com».

«Nous sommes loin d'un cas de confusion comme celui qui pourrait être causé par l'ouverture d'un site Web avec une adresse telle que MSSN.com et qui offrirait les mêmes services que le site MSN.com de Microsoft», d'ajouter Me Landreville.

Une question de concurrence

Alors, qu'est-ce qui peut expliquer cette lutte entre cet éditeur français et le site de cette fondation littéraire québécoise ? Eh bien, c'est une question de concurrence commerciale, de concurrence en ligne. Depuis un certain temps, le site français Manuscrit.com déploie beaucoup d'efforts pour se faire connaître au Québec, notamment avec du placement publicitaire ciblé sur certains sites Web par l'intermédiaire du moteur de recherche Google. Et le malheur du site québécois Manuscritdepot.com, c'est d'avoir accepté de publier un auteur français qui frappait à sa porte virtuelle. Depuis, l'éditeur Manuscrit.com voit le petit éditeur québécois comme un concurrent qui exploite une confusion entre les deux maisons littéraires.

Qu'en est-il du point de vue de l'éditeur Nicolas Philippe dans cette histoire ? Quelles sont ses motivations réelles ? Nous ne le saurons pas cette semaine, puisque celui-ci n'a jamais répondu à mes nombreux courriels.

Bruno Guglielminetti est réalisateur et chroniqueur nouvelles technologies à la Première chaîne de Radio-Canada. Il est également le rédacteur du Carnet techno (www.radio-canada.ca/techno).

Communiqué de presse, sur Bellaciao :
http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=15674
Ou sur Hob :
http://www.communique-de-presse.com/content/view/1748/2/
Et un débat :
http://www.radio-canada.ca/radio/techno/commentaires-53695.shtml
(Merci Le Devoir)


Sur Nicolas Philippe et Le Serpent à plumes, l'article de Cose-Clacre :
http://www.wmaker.net/cosecalcre/index.php?action=article&id_article=155131&id_rubrique=20602

Un témoignage sur Manuscrit.com :
http://www.aukou.com/avouslaparole.php?art=108