Le kilikoi de novembre

- Le saut de Sandra. C'est pas la peine d'en rajouter ;)

- Ghost in the shell. Exceptionnel manga que je n'avais pas encore lu honte à moi.

H.

Je lis le "Houellebecq non autorisé" de Denis Demonpion, ce qui clôturera ma série Jouellebecq 2005, et je finis (mais ça traîne, L'inconnue du terrain Vague, de Pierre Véry. Et j'ai à peine commencé La faute à Souchon, de Stéphane Ternoise*, qui va devoir attendre la fin de la lecture du Demonpion.

* http://www.ternoise.net/ C'est un livre auto-édité, de facture très soignée.

L'étourdissement de Joêl Egloff. C'est noir, mais le rendu me plaît beaucoup.

Hermès, toi aussi faudra m'expliquer ce que tu trouves à Ghost in the shell.

Et j'ai hate de lire l'article de Dovobo sur cette bande dessinée, sur Artelio ou ailleurs. ;)

Baptiste a écrit:

Hermès, toi aussi faudra m'expliquer ce que tu trouves à Ghost in the shell.

J'ai vu le # 2 en dessin animé sur Arte l'an dernier (ou était-ce le #1 ? peu importe). C'était beau, sans aucun doute, très esthétique, mais à mon goût bien inintéressant. Donc je suis preneur d'explications.

Fulmi a écrit:

Baptiste a écrit:

Hermès, toi aussi faudra m'expliquer ce que tu trouves à Ghost in the shell.

J'ai vu le # 2 en dessin animé sur Arte l'an dernier (ou était-ce le #1 ? peu importe). C'était beau, sans aucun doute, très esthétique, mais à mon goût bien inintéressant. Donc je suis preneur d'explications.

Ce devait être le premier opus, diffusé à la télé à la sortie en salles du deuxième.
Moi j'ai pas tout compris non plus, mais ce n'est pas important : l'esthétique était aussi signifiante que les discours. Une exégèse avec références en appui est certainement faisable, et peut-être intéressante, mais bon.

mais ça c'est le dessin animé, c'est encore autre chose. Moi aussi je suis preneur d'explication, mais sur la bédé. :)

@baptiste

D'abord, je ne peux que te conseiller d'aller lire le dossier que Dov et moi avions tenté de monter à propos du cyberpunk(1). Outre l'aspect esthétique mentionné par Fulmi les sujets abordés dans ce manga sont fondamentalement contemporains, modernes et relèvent pour ma part l'actualité de la philosophie politique. Au fond, ce manga est pour moi une excellente propédeutique à ce que devrait être toute tentative de réflexion philosophique. Si l'auteur du manga déploie un réel univers riche, fécond et large, il est à rappeler que tout ce qui est décrit dans ce manga fut écrit et pensé avant la fin des 80's.

Anticiper ainsi le développement du Réseau, penser la complexité et pressentir ce que seront les problèmes liés à l'interconnexion croissante des données ainsi que leur répersussion sur un plan philosophique est intéressant. Je t'épargne les sujets d'éthique et de bioéthique que pose par exemple les cyborgs.

Ghost in the shell pose la question métaphysique autrement : ti to on ou qu'est-ce que pour nous, hommes et femmes d'au-jour-d'hui l'étant.

C'est l'intense actualité de cette oeuvre qui me ferait presque conclure qu'il y a une authentique expression artistique dans ces pages.

(1)Je te renvoie à ces éléments critiques.

H.

J'oubliais.

Autre détail super intéressant la profondeur du champ narratif puisque l'auteur dissémine, commente, explique certains aspects des éléments diégétiques, explique ou s'amuse de sa propre paresse lorsqu'il ne dessine pas telle ou telle scène. Bref, se signale en tant qu'auteur au lecteur.

Je n'avais vu que l'animé... quelle honte !

Je me tâte pour lire les tomes 3 & 4 qui passent pour être moins bons. A voir et à suivre donc.

H.

veut dire quoi "diégétiques" ?

@ours

Oups. C'est un terme qu'utilise G. Genette pour distinguer les tois sens que peut revêtir le mot "histoire" lorsqu'on s'intéresse à un livre. Je te copie / colle un passage d'un truc que j'avais écrit.

Citation :

La narratologie est une discipline scientifique qui s'intéresse à l'art de narrer, à l'art de raconter et de construire des récits. L'un de ses textes fondateurs fut incontestablement la parution de Figures III de Gérard Genette en 1972. Dans l'introduction de « Discours du récit » , Genette distingue trois acceptions distinctes de ce que récit peut signifier :
« (1) dans un premier sens (...) récit désigne l'énoncé narratif, le discours oral ou écrit qui assume la relation d'un événement ou d'une série d'événements ; (...)
(2) dans un second sens, (...), récit désigne la succession d'événements, réels ou fictifs, qui font l'objet de ce discours, et leurs diverses relations d'enchaînement, d'opposition, de répétition (etc.)(...) ;
(3) dans un troisième sens (...) récit désigne encore un événement : non plus toutefois celui que l'on raconte, mais celui qui consiste en ce que quelqu'un raconte quelque chose, l'acte de narrer en lui-même. »
Afin de lever tout ambiguïté, Genette propose « de nommer histoire le signifié du contenu narratif (...), récit proprement dit le signifiant, énoncé, discours ou texte narratif lui-même, et narration l'acte narratif producteur, et, par extension, l'ensemble de la situation réelle ou fictive dans laquelle il prend place »

Pour plus de renseignements, lire G. Genette, Figure III, p. 65 sq.


edit : la question. J'oubiais. "diégèse" vient de la racine grecque dieg* qui signifie "histoire".
H.

Fulmi a écrit:

Je lis le "Houellebecq non autorisé" de Denis Demonpion, ce qui clôturera ma série Jouellebecq 2005, ...

En fait, non, je compte relire Plateforme et lire Lovecraft.
Mais le Demonpion est vraiment bien. À lire par tous les écrivains débutants : c'est comme ça qu'il fallait faire, et pas autrement. Houellebecq non autorisé, ou la fabrique d'un écrivain. Complément indispensable du guide Guénot.

Merci de ta réponse.

hermes a écrit:

J'oubliais.

Autre détail super intéressant la profondeur du champ narratif puisque l'auteur dissémine, commente, explique certains aspects des éléments diégétiques, explique ou s'amuse de sa propre paresse lorsqu'il ne dessine pas telle ou telle scène. Bref, se signale en tant qu'auteur au lecteur.

Personnellement, cela me déplait assez que Shirow me montre la salle des machines. Je préfère quand l'auteur disparait derrière son oeuvre, me présente un univers achevé.

Citation :

D'abord, je ne peux que te conseiller d'aller lire le dossier que Dov et moi avions tenté de monter à propos du cyberpunk(1). Outre l'aspect esthétique mentionné par Fulmi les sujets abordés dans ce manga sont fondamentalement contemporains, modernes et relèvent pour ma part l'actualité de la philosophie politique. Au fond, ce manga est pour moi une excellente propédeutique à ce que devrait être toute tentative de réflexion philosophique. Si l'auteur du manga déploie un réel univers riche, fécond et large, il est à rappeler que tout ce qui est décrit dans ce manga fut écrit et pensé avant la fin des 80's.

Anticiper ainsi le développement du Réseau, penser la complexité et pressentir ce que seront les problèmes liés à l'interconnexion croissante des données ainsi que leur répersussion sur un plan philosophique est intéressant. Je t'épargne les sujets d'éthique et de bioéthique que pose par exemple les cyborgs.

Ghost in the shell pose la question métaphysique autrement : ti to on ou qu'est-ce que pour nous, hommes et femmes d'au-jour-d'hui l'étant.

C'est l'intense actualité de cette oeuvre qui me ferait presque conclure qu'il y a une authentique expression artistique dans ces pages.

J'ai relu le premier tome pour l'occasion (sur les deux que j'ai) (et les deux articles du dossier) et je reste perplexe. Je trouve que les éléments introduits par Shirow restent convenus, superficiels, ne font pas l'objet d'une vraie reflexion. Jamais cela ne dépasse le stade de la simple présence : "Il y a des cyborgs". Bon. "Il y a une infosphère". Bon. Et alors ? Qu'est-ce que Ghost in the shell a de plus que les auteurs de SF qui, à la même époque, parlaient de la même chose ?
Affaire de sensibilité, certainement.


Moi je lis _Durandur encule tout le monde_. :)
Et _Qu'est-ce que la métaphysique_ d'Heidegger. Ti to on mes frères, ti to on !

Je suis tombée sur Extension du domaine de la lutte. Et me suis souvenu de ce qu'en avait dit Fulmi, dont je le lis, avec plaisir pour l'instant, mais je n'ai pas fini.