kilikoi de mars

Ben ouais, on a changé de mois !

J'ai enfin fini La tache, de Philip Roth.
"Le monde a beau être plein de gens qui se figurent vous avoir évalué au plus juste, vous ou votre voisin, ce qu'on ne sait pas est un puits sans fond. Et la vérité sur nous, une affaire sans fin. De même que les mensonges".
C'est ce que le narrateur expérimente en cherchant à raconter la vie de Coleman Silk, universitaire à la retraite. Coleman a un secret - un incroyable secret qu'il n'a jamais partagé avec personne pas même avec sa femme ni ses quatre enfants. Comment Coleman vit-il avec ce secret et comment a-t-il vécu avec cela, certaines de ses réactions, comment celà a-t-il déterminé certains de ses comportements ?
Tout en déroulant un récit sur la vie d'un homme qui décide de renier ce qu'il est afin de vivre la vie qu'il a choisie, Philip Roth brosse le portrait de quelques personnages secondaires hauts en couleurs, et nous trace ainsi une excellente description d'une amérique post guerre du Viet-nam figée dans ses préjugés et embourbée dans ses convenances.
Le style est clair mais dense, l'auteur nous entraîne d'un personnage à l'autre sans rupture ni longueur. Un grand roman .

J'ai lu aussi (insomnies !) un best seller que l'on m'a prêté, Ensemble c'est tout, de Anna Gavalda. Beaucoup plus léger, se lit facilement.
C'est un hymne au bonheur et au respect de l'autre dans sa difference. Les personnages sont attachants bien que caricaturaux, et le déroulement de l'histoire est parfois trop previsible, mais c'est un livre agréable à lire.

Ah aussi, une nouveauté, Vous plaisantez Monsieur Tanner, de Jean-Paul Dubois. Un mec raconte les déboires qu'il a rencontré en faisant des travaux dans sa maison. Ca se veut drôle et c'est lourd. Sans intérêt, sauf si on aime lire une connerie sur la plage.

En ce moment, Grâce et dénuement, de Alice Fernay.
Note de l'éditeur : Dans un décor de banlieue, une libraire est saisie d'un désir presque fou : celui d'initier à la lecture des enfants gitans privés de scolarité. Elle se heurte d'abord à la méfiance, à la raillerie et au mépris qu'inspirent les gadjé. Mais elle finit par amadouer les petits illettrés, en même temps qu'elle entrevoit le destin d'une famille sur laquelle règne une veuve mère de cinq fils. Dans ce troisième roman, récompensé par le prix " Culture et bibliothèques pour tous ", Alice Ferney excelle à faire entendre les voix intérieures de ses personnages, leurs sentiments inavoués, leurs désirs brimés, leurs solitaires affrontements avec la fatalité.
Très intéressant, mais un style un peu tristoune... Je ne l'ai pas encore fini.

J'ai voulu acheter L'art d'avoir toujours raison, de Schopenhauer, mais la Fnac Forum était fermée pour cause d'inventaire, et comme je m'y suis pris un peut tard pour aller à Saint Lazare, je n'ai pas pu l'acheter. Alors je suis allé écouter le texte du livre (L'art d'avoir toujours raison) lu par Didier Bourdon au centre Pompidou.

Très intéressant. J'ai hâte de prendre à nouveau connaissance de son contenu et de pouvoir consulter le bouquin aussi souvent que je le désire.

En gros : on peut être convaincu d'avoir raison sans pour autant se monter capable, ponctuellement, de réfuter les arguments d'un éventuel contradicteur, ce qui ne signifie pas que l'on ait tort, car il se peut qu'on utilise dans un débat de mauvais arguments. Il arrive qu'après coup, après plus mûre réflexion, et parfois longtemps après, que les arguments les plus pertinents nous viennent à l'esprit lorsque le débat est clos. Il arrive aussi que notre contradicteur s'en sorte brillament sans que la thèse qu'il défend ne soit vraie, il se peut qu'elle ait simplement l'apparence de la vérité parce que nous n'avons pas trouvé de quoi réfuter son argumentaire.

Au commencement d'un débat, les deux parties (Schopy dit deux, mais à mon sens ça peut être plusieurs), les deux parties, donc, pensent chacune avoir la vérité de son côté. Mais au cours du débat, il arrive que l'on vienne à douter d'avoir raison. Qu'importe, si l'honnêteté intellectuelle était un attribut répandu dans le genre humain, cela se saurait. La vanité, ou simplement la conviction d'avoir raison malgré tout (parce qu'on sait tous qu'un discours peut revêtir l'apparence de la vérité sans en avoir la réalité, nous avons tous expérimenté cela pour les raisons données plus haut (c'est Schopy qui dit ça, hein)), la vanité ou la conviction d'avoir raison malgré l'apparente pertinence des arguments de notre contradicteur, disais-je, nous pousse à contester son argumentation, même si nous ne le faisons pas de manière adéquate.

La dialectique eristique (l'art d'avoir toujours raison) vise donc à ne pas s'en laisser imposer par notre interlocuteur, en retournant contre lui ses propres armes (les différents sophismes qu'il emploie). D'une part parce que la vérité doit être défendue, d'autre part parce que celui qui défend l'erreur peut sembler avoir raison bien qu'il ait tort en réalité, et il se peut, comme il a été dit plus haut, que la vérité soit de nôtre côté sans qu'on trouve les arguments irréfutables qui la feraient triompher, c'est pourquoi il est permis, et même fortement recommandé, d'user des mêmes sophismes que notre interlocuteur.

C'est ainsi que la dialectique eristique est l'art d'avoir toujours raison, et ce que l'on ait raison ou tort.

Après ça, Schopenhauer nous expose les différents arguments généralement utilisés dans les controverses. Ces arguments se divisent en deux catégories : les arguments ad hominem, qui visent à réfuter les fondements de l'argumentation adverse, et les arguments ad je sais pas trop quoi (j'ai mal entendu, ou mal écouté), qui visent à réfuter les arguments adverses par l'examen de leurs conséquences.

Il y a ainsi, par exemple, les arguments fondés sur le caractère péjoratif qu'on donne certains mots, on cherche à disqualifier une thèse en employant des mots péjoratifs pour la qualifier. Exemple : l'utilisation du mot "bigoterie", à la place du mot "piété", ou encore l'usage du mot "archaïque", à la place du mot "ancien", etc. (catégorie d'argument ad hominem, qui s'en prend aux fondements de la thèse).

Les exemples de stratégie d'argumentation que donne Schopenhauer sont nombreux (une quinzaine) et, dit-il, non-exhaustifs.

Sans doute de lecture plus simple et moins pédante, le Petit traité à l'usage de ceux qui veulent toujours avoir raison, de Georges Picard, Ed. Corti, est une lecture divertissante. A noter : Picard sait fort bien ce qu'il en est de la raison et des torts, et à qui il pense en écrivant ses livres, puisqu'il a aussi commis un De la Connerie qui fait autorité.

"L'art d'avoir toujours raison" aurait pu s'appeler "l'art de la mauvaise foi". Tu n'en a pas besoin. Tu devrais te procurer plutôt un bouquin de logique pour apprendre à raisonner convenablement.

Croustine a écrit:

J'ai lu aussi (insomnies !) un best seller que l'on m'a prêté, Ensemble c'est tout, de Anna Gavalda. Beaucoup plus léger, se lit facilement.
C'est un hymne au bonheur et au respect de l'autre dans sa difference. Les personnages sont attachants bien que caricaturaux, et le déroulement de l'histoire est parfois trop previsible, mais c'est un livre agréable à lire.

J'ai beaucoup aimé ce livre et j'aime m'y replonger quand j'ai un coup de blues. C'est chaleureux ce qu'elle écrit.

En ce qui concerne mes lectures, je n'ai pas lu ce que je pensais lire en Février; ni La cloche d'Islande de Laxness ni les découvreurs de Daniel Boorstin. Trop vannée, je n'arrive pas à fixer mon attention. Les nouvelles sont bien adaptées à mon cas. En ce moment, j'oscille entre Maupassant et Sylvain Tesson Nouvelles de l'est, paru chez Phébus en 2002.
Ce type, géographe, grand voyageur, est surprenant. On a quasiment le même âge et absolument pas la même vie...

Anti
« La foi, c’est la vanité de croire qu’on est la créature d’un dieu. »
[ Sylvain Tesson ] - Petit traité sur l’immensité du monde
http://www.evene.fr/celebre/biographie/sylvain-tesson-17139.php

Ah, les découvreurs, à lire absolument, même en picorant...

Dans 150 pages j'aurai fini de lire A la recherche du temps perdu.

troglodyte a écrit:

Dans 150 pages j'aurai fini de lire A la recherche du temps perdu.

Ça doit faire un grand vide, le lendemain de la fin de la lecture...

Plus que 110 pages maintenant !
Fulmi, je redoute de poursuivre mais ne puis m'arrêter.

troglodyte a écrit:

Plus que 110 pages maintenant !
Fulmi, je redoute de poursuivre mais ne puis m'arrêter.

Et? Aurons-nous quelque chose à croquer de ce nectar de lecture?

Dona a écrit:

troglodyte a écrit:

Plus que 110 pages maintenant !
Fulmi, je redoute de poursuivre mais ne puis m'arrêter.

Et? Aurons-nous quelque chose à croquer de ce nectar de lecture?

Il y a le célèbre "résumé de la Recherche en trois mots" :

>>Marcel devient écrivain.<<

Excellent résumé en trois mots !
Plus que 49 pages mais je dois faire une pause car je suis de nature nerveuse et redoute la méningite.
J'aimerai bien participer plus que je ne l'ai fait jusqu'à présent à Vocabulis, mais en ce qui concerne Proust, j'ai déjà commencé l'acte de déverser ce que sa lecture déclenche chez moi sur un autre forum dont je tairai le nom par pur snobisme.
Mon lecturothon achevé je me pencherai sur des oeuvres plus courtes et ne manquerai pas de vous en faire "bénéficier". Ces guillemets sont le signe soit du doute qui m'envahit quant à la valeur de ce que je pourrai rédiger, soit d'une manoeuvre habile visant à vous persuader que j'éprouve un tel doute.

troglodyte a écrit:

sur un autre forum dont je tairai le nom par pur snobisme.

Celui-là par exemple ? http://www.grain-de-sel.cultureforum.net

anti, R.G.

Hier soir vers 23 heures j'en suis venu enfin à bout. Je crois en avoir commencé la lecture en décembre.
C'est une oeuvre majeure.

Tu es la deuxième personne que je connaisse qui a lu la totalité de a la recherche du temps perdu. Félicitations.

troglodyte a écrit:

Hier soir vers 23 heures j'en suis venu enfin à bout. Je crois en avoir commencé la lecture en décembre.
C'est une oeuvre majeure.

Yess !

Et comment te sens-tu ?

Je sens que je n'ai pas perdu mon temps. Je sens que dans mon cerveau engourdi par trop de télévision des éléments ont été réactivés. Je sens que je devrais, mais pas dans l'immédiat car je dois récupérer, le lire une nouvelle fois.
Dans le tome 6, Albertine disparue, il y a une dissection de sentiments comme je n'en avais encore jamais vu : presque 200 pages je crois qui sont le compte-rendu d'une pure introspection sur la nature de l'amour, de la jalousie, et autres sentiments.
Et beaucoup d'émotion en voyant, dans les parties publiées après la mort de l'auteur, des choses non corrigées, des redites, des personnages qui meurent puis revivent...
Proust a élaboré un objet capable de nous aider à mieux nous connaître.

"Suis-je le gardien de mon frère ?" d'Ananda K Coomaraswamy (j'ignore à quel prénom hindou correspond le K).

Une collection de huit articles d'un ami de Guénon qui, contrairement à ce dernier, n'est pas une référence indiscutable. Mais j'aimerais connâitre les arguments qu'il développe en faveur des mêmes thèses. J'ai commencé à le lire (deux articles sur les huit). L'éditeur a mal fait son boulot : on ouvre des guillemets sans les refermer, on place un "malgré" dont le sens est un mystère dans la phrase, etc. On comprend tout de même le sens. C'est pas aussi beau que du Guénon, et c'est pas aussi convaincant, mais il ya quelques arguments intéressants. Je vous déconseille les éditions Pardès.

"Comptes rendus" de René Guénon. (comptes rendus de lectures ndc)

Lecture inutile, puisque ce livre résulte uniquement des besoins alimentaires de ce brave René (r). Mais j'aime bien le style, j'aime beaucoup, même. Ce qui s'écrivait à cette période (années trente) c'était quand même autre chose que la merdasse qu'on nous sert aujourd'hui.

"L'Afrique au secours de l'Occident" d'Anne-Cécile Robert.

Ce livre tente de démontrer (en tous cas c'est ce qui est dit sur le quat' de couv') que l'Afrique, avec ses valeurs particulières, pourrait être d'un certain secours à l'Occident, engagé sur une mauvaise voie. Je n'ai pas d'avis sur la question, ça peut être une lecture interressante. J'ai compulsé un peu, ça sent l'écolo radical à plein nez.

"Apperçus sur l'initiation" de René Guénon.

J'espère que cette lecture me sera profitable.

J'ai décidé de déserter le net pendant un moment, afin de prendre le temps de lire tout ça. Désolé babare

J'ai oublié, il ya aussi "L'art d'avoir toujours raison" d'Arthur Schopenhauer.

J'en ai déjà parlé.

J'ai acheté tous ces bouquins cet après-midi, à la Fnac Forum. J'ai mangé un plat de penne dans un petit resto charmant, où j'ai discuté du CPE avec un couple d'une table voisine de la mienne, et je suis allé faire la prière dans une mosquée pakistanaise charmante (je n'ai pas eu le temps de m'y attarder). Bref, charmant après-midi.

Bon divertissement à tous.

Capitaine ad hoc a écrit:

J'ai mangé un plat de penne dans un petit resto charmant, où j'ai discuté du CPE avec un couple d'une table voisine de la mienne, et je suis allé faire la prière dans une mosquée pakistanaise charmante (je n'ai pas eu le temps de m'y attarder). Bref, charmant après-midi.

Le rapport avec les livres ?

Anti

eh bien maint'nant le captain lit des livres alors qu'avant il prétendait en écrire. Cette reconversion est heureuse, depuis il trouve tout charmant.

Je viens de commencer Du côté d'Ostende, de Jacqueline Harpman.

C'est une sequel de La plage d'Ostende, son plus célèbre roman. apparemment, c'est un grand plaisir d'auteurs vieillissant que de revenir sur les chemins de leur jeunesse.

C'est de la bonne littérature populaire, ça se lit sans effort, mais l'auteur ne prend pas ses lecteurs pour des crétins, le niveau de voicabulaire et de syntaxe est excellent.

Une sequel ?

Croustine a écrit:

Une sequel ?

C'est comme ça que les amerloques appellent les œuvres qui sont une suite lointaine d'une autre œuvre. J'ai appris ce mot anglais sur les forums d'opéras. Ainsi Ciboulette, de Reynaldo Hahn, est-elle une sequel de La bohème, de Puccini (Duparquet est, vieux, Rodolphe, le jeune amoureux de Mimi, dont il se souvient). Le Couronnement de Poppée, de Monteverdi est, un siècle avant, une sequel d'Agrippine, de Haendel (Agrippine narre l'accession au pouvoir de Néron. Le Couronnement, comment la courtisane Poppée séduit Néron alors qu'il est empereur)

Ca a quelle étymologie, sequel ?

Moi j'ai terminé Grâce et dénuement depuis quelques jours, et je me rends compte que ce livre m'a plus marqué que je ne l'aurais pensé au premier abord. Il nous ouvre sur un monde, un peuple que nous connaissons très peu, celui des gitans, loin du folklore et des préjugés. Les personnages du livre sont dans l'inconfort de l'entre-deux, en cours de sédentarisation, c'est à dire dans des caravanes fixes sur des terrains vagues, mais on leur refuse une domiciliation qui permettraient à leurs mômes d'être scolarisés.
Cela m'a rappelé ce que me racontait un copain sociologue qui avait mené une étude dans les pays de l'est pour je ne sait quelle commission européenne : les gitans revendiquaient une nationalité apatride (mais communautariste) reconnue par l'Europe. Pas simple...
L'ennui de début de lecture s'est effacé, le texte est simplement sobre et efficace, mais je l'ai plus percu comme un témoignage que comme un roman, à tort sans doute.

Pour changer, j'ai enchaîné avec un polar, un bon Fred Vargas qu'une copine m'a prêté, Un peu plus loin sur la droite.