- ours impatient a écrit:
- coline a écrit:
- "Complaintes gitanes" de Garcia Lorca, en espagnol, avec la traduction sur la page en face... (pour Ours! )
je lis Lorca dans l'texte, très chère
Pour tout le monde, un des poèmes de Lorca que je préfère:LA FEMME INFIDÈLE
Et moi je l’ai menée à la rivière
en pensant qu’elle était jeune fille,
mais elle avait un mari.
C’était la nuit de la Saint Jacques
et m’y sentant presque tenu.
Les lanternes se sont éteintes
se sont allumés les grillons.
Aux derniers coins de rue
j’ai touché ses seins endormis,
et soudain ils s’ouvrirent à moi
comme des bouquets de jacinthes.
Son jupon amidonné
à mon oreille a crissé,
comme une pièce de soie
déchirée par dix couteaux.
Sans lumière d’argent dans leurs cimes
les arbres ont grandi
et un horizon de chiens
aboie très loin de la riviére
***
Une fois passés les buissons
les joncs et les aubépines,
sous sa lourde chevelure
j’ai fait un trou dans le limon.
Moi, j’ai enlevé ma cravate.
Elle, elle a enlevé sa robe.
Moi , ceinturon et revolver.
Elle, ses quatre corsages.
Ni les nards, ni les escargots
n’ont la peau si fine,
ni les vitres avec la lune
ne luisent ainsi.
Ses cuisses m’échappaient
comme des poissons surpris,
à moitié pleins de feu,
à moitié pleins de froid.
Cette nuit-là j’ai couru
le meilleure chevauchée,
monté sur une pouliche de nacre
sans brides, sans étriers.
Je ne veux pas dire, car je suis homme,
les choses qu’elle m’a dites.
La lumière de l’entendement
me rend très réservé.
Sale de baisers et de sable
je l’ai menée à la rivière.
Avec l’air se battaient
les épées des iris.
Je me suis comporté comme ce que je suis.
Comme un gitan légitime.
Je lui ai offert une corbeille à ouvrage
grande de satin jaune paille,
et je n’ai pas voulu m’éprendre
parce qu’ayant un mari
elle m’a dit qu’elle était jeune fille
quand je la menais à la rivière.
Et pour la chef qui lit en V.O:La même chose, en mieux, avec musique des mots d'origine...
La casada infiel
Y yo que me la lleve al río
creyendo que era mozuela,
pero tenía marido.
Fue la noche de Santiago
y casi por compromiso.
Se apagaron los faroles
y se encendieron los grillos.
En las últimas esquinas
toque sus pechos dormidos,
y se me abrieron de pronto
como ramos de jacintos.
El almidón de su enagua
me sonaba en el oído
como una pieza de seda
rasgada por diez cuchillos.
Sin luz de plata en sus copas
los árboles han crecido
y un horizonte de perros
ladra muy lejos del río.
Pasadas las zarzamoras,
los juncos y los espinos,
bajo su mata de pelo
hice un hoyo sobre el limo.
Yo me quité la corbata.
Ella se quito el vestido.
Yo, el cinturón con revólver.
Ella, sus cuatro corpiños.
Ni nardos ni caracolas
tienen el cutis tan fino,
ni los cristales con luna
relumbran con ese brillo.
Sus muslos se me escapaban
como peces sorprendidos,
la mitad llenos de lumbre,
la mitad llenos de frío.
Aquella noche corrí
el mejor de los caminos,
montado en potra de nácar
sin bridas y sin estribos.
No quiero decir, por hombre,
las cosas que ella me dijo.
La luz del entendimiento
me hace ser muy comedido.
Sucia de besos y arena,
yo me la llevé del río.
Con el aire se batían
las espadas de los lirios.
Me porté como quien soy.
Como un gitano legítimo.
Le regalé un costurero
grande, de raso pajizo,
y no quise enamorarme
porque teniendo marido
me dijo que era mozuela
cuando la llevaba al río