Le premier problème des économistes est qu’ils aimeraient bien que leur science soit une science dure, déterministe, comme la physique, alors que c’est une science humaine qui ressemble plus qu’autre chose à l’histoire. Aucun historien ne peut prétendre savoir prévoir la date, le lieu et l’heure du déclenchement d’une guerre grâce à des formules mathématiques ; les économistes non plus. Et pourtant, c’est ce qu’ils essayent de faire croire.
Tout le problème de l’économie est une question du partage du gâteau. La question est : qui tient le couteau ?
L’auteur, Bernard Morris, parcourt tous les concepts de la science économique et met en évidence le caractère éminemment politique des choix qui s’opèrent par rapport à eux. Par exemple l’inflation. Laisser l’inflation filer revient à choisir l’activité économique contre l’épargne, contre les rentiers. Contrôler sévèrement l’inflation revient à favoriser le ceux qui possèdent le capital et jouer contre l’état, les entrepreneurs et les salariés. L’inflation n’est pas une donnée technique, c’est une donnée hautement politique.
C’est écrit avec humour, expliquant patiement toutes les notions dont on nous abreuve d’habitude avec un sérieux tel que l’on peut les soupçonner de ne pas vouloir que nous nous y intéressions. C’est un régal.
L’auteur est professeur d’économie dans je ne sais plus quelle université, spécialiste d’économie dans Charlie Hebdo et, après qu’il ait écrit ce livre, je crois, il est devenu membre du comité scientifique d’ATTAC.
Partie 1 Principes de la scolastique économique
1. Science dure, science molle, ou science nulle ?
2. La politique dans l’économie
3. Le langage du pouvoir
Partie 2 La guerre économique
4. Marchés et concurrence
5. Mondialisation et commerce international
6 ; Enron et les sept familles
Partie 3 Le nerf de la guerre
7. L’argent
8. La bourse et les marchés financiers
Partie 4 Le butin
9. Le partage
10. Qu’est-ce que la richesse ?
11. L’autre économie
Conclusion Eloge de la gratuité